Villepin ou l'audacieux pari de la confiance

Jour tant attendu, l'heure du bilan des "100 jours" sonne aujourd'hui pour Dominique de Villepin, qui, hasard des circonstances, présidait hier le Conseil des ministres, le chef de l'État étant hospitalisé au Val-de-Grâce.En prenant ses fonctions à Matignon après la lourde défaite de son camp au référendum européen du 29 mai, Dominique de Villepin avait osé un pari audacieux en se donnant 100 jours pour "recréer les conditions de la confiance" en France, notamment dans le domaine de l'emploi. La démarche avait surpris, y compris dans les rangs de la majorité qui avait jugé ce pari dangereux et perdu d'avance. Inconscience ou illusion ? Même à l'Elysée, l'engagement avait suscité des interrogations...Trois mois plus tard, le jugement sur la restauration de la confiance est sévère. Selon un sondage exclusif réalisé pour La Tribune par l'institut CSA, 80 % des Français estiment que Dominique de Villepin n'a pas gagné son pari sur les 100 jours, contre 13 % qui sont d'un avis contraire et 7 % sans opinion. Si les socialistes sont 86 % à dénoncer l'échec du Premier ministre sur la confiance, 76 % de l'électorat UDF et 68 % des sympathisants UMP partagent ce jugement.L'échec toutefois est très relatif. Car en trois mois, Dominique de Villepin est parvenu à bouleverser la donne politique à droite et a réussi à se hisser aux côtés de Nicolas Sarkozy dans la course pour la présidentielle de 2007. Si le président de l'UMP est toujours jugé comme le meilleur candidat présidentiel pour la droite par 63 % des Français, il est talonné par Dominique de Villepin à 57 % selon un sondage CSA publié par le Bleu de Profession politique. D'autres sondages sont sur la même ligne : semaine après semaine, l'écart entre les deux hommes se resserre. Du coup, les esprits évoluent chez les parlementaires UMP. Très réservés au départ sur l'arrivée de Dominique de Villepin à Matignon, alors qu'ils auraient préféré y voir s'installer Nicolas Sarkozy, les députés sont de plus en plus nombreux à reconnaître que, jusqu'à présent, le Premier ministre a effectué à leurs yeux un parcours sans faute. Ils se félicitent de la rapidité avec laquelle les ordonnances sur l'emploi ont été mises en oeuvre, notamment le nouveau contrat de travail pour les petites entreprises, qui répond à une demande constante des élus UMP depuis plusieurs années. Dans l'opinion, la cote de popularité de Villepin progresse de 6 points, selon un sondage Ifop publié dans Paris Match. 55 % des personnes interrogées, contre 49 % en juillet, déclarent approuver son action. Son bilan, après 100 jours, est jugé positif par 56 % des Français contre 43 % qui portent un jugement négatif. Prenant de vitesse Nicolas Sarkozy qui a exposé hier son projet économique dans la perspective de 2007, le Premier ministre a eu l'habileté d'annoncer la semaine dernière un plan de relance pour "une croissance sociale", présenté comme une défense des intérêts des classes moyennes, laissant espérer aux Français des baisses d'impôts à l'horizon 2007. Des mesures que le président de l'UDF, François Bayrou, a jugé hier "publicitaires et risquées". Le Parti socialiste a dénoncé de son côté les "mauvais coups" portés "à l'emploi, au pouvoir d'achat et au droit du travail" pendant les 100 jours de Villepin. La campagne de 2007 a bel et bien commencé.D. G.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.