Thierry Breton tente de sauver la privatisation de GDF

Inaudible comme ministre de l'Économie pendant ses quinze premiers mois à Bercy, d'abord à cause du référendum européen, puis parce que Dominique de Villepin lui a chipé toutes les grandes annonces (réforme de l'impôt sur le revenu, politique de désendettement de l'État), Thierry Breton veut profiter de l'été et des circonstances politiques nouvelles qui s'offrent à lui pour exister.C'est ainsi qu'hier, au cours de sa sixième conférence de presse trimestrielle, il a développé ses grandes ambitions pour l'économie française, avec des objectifs à cinq, dix et même vingt-cinq ans pour rester dans le top 5 mondial (lire aussi page 2). Pour atteindre 3 voire 4 % de croissance, et devenir l'économie la plus dynamique d'Europe, Thierry Breton veut que la France joue la carte des services immatériels et de la révolution technologique. Il attend pour la deuxième moitié de juillet le rapport sur le sujet confié à Maurice Lévy, président de Publicis et Jean-Pierre Jouyet, chef de l'Inspection des Finances.Mais c'est surtout en capitalisant sur son rôle de ministre de l'Industrie que Thierry Breton espère prendre tout son poids politique. Profitant de l'affaiblissement du Premier ministre, il est à la manoeuvre pour tenter de convaincre un à un, par la " pédagogie ", les députés UMP de voter la privatisation de Gaz de France.Endettement massif. Un sujet politiquement empoisonné qui va occuper la rentrée avec une session extraordinaire à partir du 7 septembre. Pour y parvenir, Thierry Breton a fait hier un parallèle avec un dossier qu'il connaît bien, celui de la concentration dans les télécoms en 1999-2000. Selon lui, c'est parce que France Télécom a été bloqué dans sa capacité à échanger une partie de son capital pour grandir que l'opérateur a dû s'endetter massivement pour payer en cash ses acquisitions européennes.Parce que l'énergie est confrontée à son tour au grand bal des concentrations, Thierry Breton estime que GDF doit retrouver une souplesse capitalistique. Une question qu'il veut, au moins pour la forme, dissocier de celle de la fusion avec Suez, afin d'oter de la tête des députés le sentiment d'avoir été pris en otage par Villepin et les dirigeants des deux groupes. " Ce n'est pas au Parlement de faire le travail des actionnaires ", a reconnu hier Thierry Breton. " Le sujet a été lancé comme il a été lancé ", s'est-il excusé. Mais lui qui défendait plutôt, au départ, un échange de participation croisées s'est dit convaincu de la qualité du projet industriel entre GDF et Suez.Dans sa défense de la privatisation de GDF, Thierry Breton sait aussi lâcher du terrain. Il promet que l'État gardera 34 % du capital et un droit de veto sur les actifs stratégiques (terminaux méthaniers). Le ministre veut aussi, dans les limites juridiques de la directive européenne, permettre aux entreprises ayant opté pour des tarifs d'électricité libres de revenir au tarif régulé d'EDF. Il pourrait aussi prolonger de cinq ans, au-delà de 2010, le tarif régulé pour les particuliers, qu'EDF ne peut augmenter que de l'inflation. Tant de bonne volonté permettra-t-elle de vaincre les réticences de la majorité ? " J'aurais fait ce que j'ai pu ", a conclu presque fataliste Thierry Breton, désormais plus politique que patron.Réforme de l'État : Bercy à la pointeLes deux tiers des fonctionnaires du ministère des Finances partant à la retraite en 2006 ne seront pas remplacés, a répété hier Thierry Breton grâce notamment à la généralisation de l'usage des nouvelles technologies et d'Internet en particulier. " La réforme avance " à Bercy, a jugé le ministre. Des réformes telles que la mise en place du guichet fiscal unique ou de la déclaration d'impôt sur Internet ont permis l'an passé de ne pas remplacer un départ de fonctionnaire sur deux. Quelque 2.600 départs non remplacés sont programmés à Bercy pour 2006 et près de 3.000 en 2007.
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