Chirac donne la priorité aux réformes consensuelles pour la fin du quinquennat

Jacques Chirac n'a pas l'intention de passer la main avant l'heure. Pour sa probable dernière intervention du 14 juillet, il a tenu à montrer aux Français et à une classe politique toujours impatiente d'anticiper les changements que l'heure de son retrait n'avait pas encore sonné et qu'il comptait bien continuer à guider l'action du gouvernement jusqu'à la fin de son mandat. " Je ne suis pas à l'heure du bilan. Je suis à l'heure de l'action ", a-t-il affirmé en refusant une nouvelle fois de se prononcer sur une éventuelle candidature en 2007. La réponse à cette question, il la donnera " au premier trimestre de l'année prochaine "... soit après la désignation officielle du candidat de l'UMP prévue pour novembre.Pour préparer les échéances électorales de 2007, le président Chirac confie à Dominique de Villepin une feuille de route prudente, qui privilégie les réformes consensuelles, avec un objectif prioritaire : faire descendre le taux de chômage " sous la barre des 8 % " d'ici à un an. Le chef de l'État sait que le baromètre du chômage est un élément déterminant pour influencer le vote des électeurs à l'heure des choix. En 2002, Lionel Jospin n'a-t-il pas été victime, entre autres, de la remontée du nombre des demandeurs d'emploi sur la dernière année de la législature socialiste ? La droite pourrait bénéficier du schéma inverse. Les experts prévoient, après la hausse de la courbe au début du quinquennat, la poursuite de la baisse du chômage dont le taux a déjà diminué d'un point cette dernière année, passant de 10,1 % à 9,1 % entre mai 2005 et mai 2006.Éviter les mécontentements. Pour donner " une impulsion nouvelle à l'emploi ", Jacques Chirac recommande " la poursuite de la baisse des charges ". Il n'en dira pas plus, laissant aux observateurs le soin de s'interroger sur l'engagement qu'il avait pris devant les entreprises de parvenir à " zéro charge " au niveau du Smic en 2007. Cette promesse, qui entraînerait la suppression de 2,1 points de cotisations sur le Smic, reste-t-elle d'actualité ? La réponse appartient au Premier ministre qui prépare ses arbitrages budgétaires, sachant que cette mesure coûterait 1,5 milliard d'euros à l'État.Après l'épisode du CPE, la déréglementation du droit du travail n'est plus une priorité pour la droite. Prudemment, le président prône une loi sur la réforme du dialogue social qui obligerait à une concertation préalable avec les partenaires sociaux avant toute modification du Code du travail. Répondant là encore aux attentes de l'opinion, il se montre favorable à un encadrement des stock-options (voir ci-dessous). Le chef de l'État n'oublie pas les jeunes. Il demande au gouvernement de mettre en place " rapidement " un service public de l'orientation et une allocation de rentrée à destination des étudiants.Manque de temps ou oubli délibéré ? On retiendra que le chef de l'État s'est bien gardé d'aborder les sujets d'actualité qui suscitent aujourd'hui des débats polémiques et contradictoires. Pas un mot, par exemple, du projet de fusion Suez-GDF sur lequel les députés devront se prononcer début septembre en session extraordinaire. Pourtant, de nombreux élus UMP continuent de s'interroger sur l'opportunité politique de cette opération. Ignoré aussi le projet de loi sur les "class actions", que combat activement le Medef, alors que cette réforme avait été lancée par Jacques Chirac lui-même. Tout comme la modification de l'assiette des cotisations sociales et l'élargissement à la valeur ajoutée. Lors de ses voeux en janvier dernier, le président de la République avait pris l'engagement d'entamer cette réforme " dès cette année ". Devant les réticences des partenaires sociaux, hostiles à cette piste, aurait-il pris la décision de la repousser après 2007, confirmant ainsi son désir d'écarter tout sujet conflictuel avant les élections ?Révision des promesses sur les baisses d'impôtLe président Chirac le reconnaît lui-même : l'engagement qu'il avait pris en 2002 pendant la campagne électorale de réduire d'un tiers l'impôt sur le revenu lors de la législature ne sera que partiellement tenu. " J'avais dit qu'on ferait 30 %, on en a fait 17 ", a admis le chef de l'État, en apportant aussitôt une précision à son propos. " Sur les trois millions et demi de contribuables moyens, on a fait 30 %... " L'engagement est donc en partie honoré. Reste à savoir ce que recouvre le terme de " contribuables moyens ". Interrogé un jour sur le concept de " classes moyennes ", le ministre du Budget, Jean-François Copé, les avait définies comme celles gagnant entre un et trois Smic...
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