G8 et pays émergents tentent de relancer les négociations à l'OMC

Les chefs d'État et de gouvernement du G8 ont conclu hier leurs travaux à Saint-Pétersbourg en essayant de sortir du bourbier les négociations à l'OMC. À défaut d'avancer sur la sécurité énergétique en Europe, le G8 s'est efforcé de donner une nouvelle impulsion politique en se donnant jusqu'à la mi-août pour tracer les grandes lignes d'un accord. " Ce cycle doit permettre de véritables baisses de tarifs douaniers, une diminution réelle des subventions et l'instauration de nouveaux flux commerciaux ", affirme le G8 dans un communiqué commun.Conséquence de la date butoir fixée par le G8, une réunion des six grands acteurs de l'OMC a été convoquée hier soir, à Genève. Le commissaire européen au Commerce international, Peter Mandelson, devait y retrouver son homologue américaine, Susan Schwab, et les représentants de l'Australie, du Brésil, de l'Inde et du Japon, autour du directeur général de l'OMC, le Français Pascal Lamy. Il a été décidé qu'une nouvelle réunion de ce groupe des Six était prévu àGenève les 23 et 24 juillet, puis les 28 et 29 juillet. De son côté, le Conseil européen s'est dit prêt à organiser une nouvelle réunion, cet été, pour suivre les négociations à l'OMC.Cette intense activité de la diplomatie commerciale ne doit toutefois pas faire illusion. Un accord à l'OMC sur le cycle de Doha reste extrêmement hypothétique. Le président français a une nouvelle fois rappelé hier que le G8 n'était " pas le lieu " pour faire avancer les négociations sur le commerce, avant de résumer, en une seule phrase, la position française sur ce dossier brûlant. " Nous ne sommes pas en position de prendre quelque décision que ce soit, a expliqué Jacques Chirac, puisque c'est au Conseil européen, c'est-à-dire aux Vingt-Cinq ensemble, qu'il appartient, et à lui seul, de faire éventuellement un pas supplémentaire dans les concessions qui ont déjà été très largement faites et qui, à mon avis, ne se justifient plus dans l'état actuel des choses, sauf en contrepartie de concessions importantes de nos alliés américains ou des pays émergents sur le plan agricole ou industriel. "Alors que l'Union européenne attend toujours la proposition américaine sur le dossier des subventions agricoles, le président brésilien, Lula Da Silva - qui participait hier au " G8 élargi " avec la Chine, l'Inde, le Mexique, l'Afrique du Sud, le Kazakhstan pour la CEI et le Congo Brazzaville pour l'Union africaine - s'est dit prêt à faire preuve de "flexibilité " pour débloquer les négociations. " Je n'attends pas moins de mes collègues réunis " au sommet du G8, a-t-il toutefois tenu à préciser, estimant que les négociations étaient " en crise ". Mais les positions européennes n'ont pas changé. La Commission n'a pas demandé de nouveau mandat de négociation aux Vingt-Cinq.Un possible échec. Le texte actuel " permet de la flexibilité", a assuré hier Peter Mandelson aux ministres des Affaires étrangères réunis à Bruxelles. Mais, anticipant déjà un possible échec, Peter Mandelson se projette dans l'après-Doha. Ainsi, il a remis à quelques-uns de ses homologues à la Commission une note confidentielle, dont La Tribune a eu connaissance. Il y esquisse les priorités d'une politique commerciale de l'UE appuyée sur des accords bilatéraux. Anticipation d'un échec du multilatéralisme ? " L'OMC reste "la"plate-forme essentielle, se défend l'entourage du commissaire. La politique bilatérale et régionale ne peut que compléter le système multilatéral. "Peter Mandelson souhaite redessiner la carte des relations commerciales de l'UE. Tisser de bonnes relations commerciales avec la Chine constitue " un véritable test pour notre capacité à faire de la mondialisation une chance pour l'emploi et la croissance ", relève la note. Peter Mandelson souhaite ainsi " donner la priorité aux secteurs et marchés où la levée de barrières commerciales créerait les gains les plus importants pour les exportateurs de l'UE ". En filigrane se dessine la volonté de favoriser les zones à fort potentiel économique - au détriment d'un accroissement des échanges avec les pays les plus pauvres. Il s'agirait d'un changement de taille par rapport à la politique menée par son prédécesseur à Bruxelles, Pascal Lamy. Dans son document, Peter Mandelson insiste aussi sur la nécessité de travailler à l'ouverture des appels d'offres pour les marchés publics d'autres pays, car les entreprises européennes sauront tirer leur épingle du jeu dans ce domaine.
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