L'Allemagne sous le choc de ses patrons fraudeurs du fisc

Angela Merkel est écoeurée. La chancelière allemande chrétienne-démocrate, qui était intervenue devant les 250 top managers de la Deutsche Post réunis en séminaire stratégique, a du mal à cacher combien l'attitude du patron de la poste allemande, Klaus Zumwinkel, l'a profondément déçue. Un scandale qui va " au-delà de l'imagination ", même si Klaus Zumwinkel aurait déjà remboursé une grande partie du montant fraudé. Le ministre des Finances, le social-démocrate Peer Steinbruck, a même jugé que la fraude fiscale que le doyen des patrons du DAX avait avouée menaçait l'équilibre socio-économique allemand. Une crainte également formulée par le ministre de l'Économie, le CSU Michael Glos, qui exige des dirigeants économiques qu'ils se purgent de leurs mauvaises habitudes sans quoi le modèle allemand, qui a fondé l'identité nationale de l'après-guerre, ne sera plus crédible. Les nouvelles sont " dévastatrices pour l'acceptation de notre système économique ", a déploré de son côté le président de la fédération de l'industrie allemande, Jürgen Thumann.125 PERQUISITIONS PREVUESDepuis que la justice a annoncé vendredi enquêter sur près d'un millier de suspects pour fraude fiscale, via un système de fondations organisé par la banque du Liechtenstein LGT, l'Allemagne est sens dessus dessous. Les hommes politiques crient au scandale historique. Le quotidien Die Welt estime que l'opération est digne " de l'imagination d'un auteur de roman policier américain ". Le BND, les services secrets allemands, aurait payé plus de 4,2 millions d'euros à l'informateur qui leur a proposé en 2006 le cédérom avec les données explosives. Le montant de la fraude fiscale atteindrait 4 milliards. Un millier de riches personnalités, dont un bon nombre de connues, seraient sur le point de recevoir la visite des policiers des services fiscaux. 125 perquisitions seraient prévues cette semaine d'après le Spiegel. " Les riches tremblent ", titrait samedi le quotidien populaire Bild Zeitung. Une catastrophe pour l'élite allemande aujourd'hui montrée du doigt. Tout au long du week-end, leurs représentants ont tenté de désamorcer le dossier qui écorne un peu plus leur réputation. Guère de chances toutefois que leur défense soit vraiment entendue. Depuis des mois déjà les hommes politiques ont en travers de la gorge l'explosion des salaires des patrons alors que ceux-ci prônent la modération salariale. Avec les affaires de corruption chez Volkswagen et Siemens notamment, l'image des patrons est en chute libre. Une évolution responsable également de la montée en puissance du parti Die Linke situé à gauche du SPD et qui remet en cause l'équilibre traditionnel des forces politiques.RECRUDESCENCE DE LA FUITE DES CAPITAUXPas étonnant qu'hier les hommes politiques de tout bord réclamaient un durcissement des sanctions contre les fraudeurs. Ils risquent aujourd'hui jusqu'à dix ans de prison mais s'en sortent la plupart du temps en payant des amendes et des peines de prison avec sursis. Le gouvernement a multiplié les déclarations pour faire savoir qu'il entendait bien lutter contre la fraude, d'autant que le prélèvement libératoire de 25 % qui s'appliquera au 1er janvier 2009 sur les cessions d'instruments financiers semble entraîner une recrudescence de la fuite des capitaux vers l'étranger. Angela Merkel, de son côté, estime nécessaire d'avoir une discussion sérieuse avec le patronat. Elle lui reproche d'avoir largement profité de ses réformes de la fiscalité des entreprises comme des particuliers sans qu'il y ait eu un retour, notamment en termes d'emplois, pour le bien de la société allemande.
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