Nicolas Sarkozy plaide à nouveau pour une rupture avec le passé

Nicolas Sarkozy aime la provocation. Le 4 octobre, Dominique de Villepin avait mis en garde les députés de l'UMP contre "l'utopie de la rupture", expliquant que "la rupture n'avait été possible qu'une seule fois dans l'histoire, c'était la Révolution" et qu'elle se terminait "toujours dans un bain de sang". Passant outre ce rappel historique, le président de l'UMP a de nouveau plaidé vendredi pour une "rupture" avec la politique passée, confirmant ainsi que ce thème serait bien le fil directeur de sa campagne pour 2007. "La rupture avec les graves échecs de notre politique économique et sociale est absolument nécessaire", a affirmé Nicolas Sarkozy devant Croissance Plus, une association regroupant quelque 200 entrepreneurs."Il faut rompre avec les réformes bancales et les prudences hypocrites qui nous ont conduits dans cette impasse." Laissant au vestiaire le temps d'un déjeuner ses habits de ministre de l'Intérieur, le président de l'UMP a livré un très sombre diagnostic de l'état de la France, insistant sur "la croissance molle, la dérive des finances publiques et notre chômage endémique" pour mieux démontrer la nécessité de "mettre en oeuvre rapidement les changements dont la France a besoin". Ce jugement, qui met en cause la gestion des trente dernières années, englobe autant les politiques de gauche que celles de droite.La solidarité gouvernementale n'empêche pas Nicolas Sarkozy de prendre ses distances avec la politique prônée par Dominique de Villepin. Loin de noircir le tableau comme son ministre de l'Intérieur, le Premier ministre, qui intervenait jeudi dernier devant d'autres responsables économiques réunis par Réxécode, s'était félicité des premiers résultats enregistrés sur le front du chômage, affirmant qu'ils constituaient pour lui "un encouragement à poursuivre et à amplifier l'action engagée".Rupture ou réforme ? C'est bien autour de ces deux orientations que vont se cristalliser dans les mois qui viennent les débats entre les deux candidats potentiels à la présidentielle de 2007. Dans l'immédiat, Nicolas Sarkozy a ses idées pour mieux orienter la politique fiscale du gouvernement. Alors que les députés UMP ont bien l'intention de réclamer pendant la discussion du projet de loi de finances 2006 à l'Assemblée, qui s'ouvre mardi, une réforme de l'ISF, le président de l'UMP leur a apporté son soutien - la "rupture" ne va pas jusqu'à prôner la suppression de l'impôt sur la fortune. En bon politique, Nicolas Sarkozy sait que la droite y perdrait des plumes. Il conseille donc de "ne pas faire les imbéciles en 2007", en inscrivant dans un programme la suppression de l'impôt inventé par les socialistes. Mais il estime cependant que "des modifications sont indispensables" et que "le plus tôt sera le mieux".Sur la réduction du nombre des fonctionnaires, Nicolas Sarkozy a plaidé pour le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Dominique de Villepin se montre plus prudent, refusant, lui, de "gouverner avec un rabot..."Delphine Girard
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