Le Parti socialiste passe au crible les deux cents jours de Villepin

En conviant hier la presse pour tracer un bilan des deux cents jours de Villepin à Matignon, le Parti socialiste a donné le signal du départ de la campagne électorale. Car c'est bien un réquisitoire en bonne et due forme de la politique menée par la droite depuis 2002 auquel s'est livré le premier secrétaire du PS, François Hollande, avec l'aide de l'ancien ministre socialiste de l'Emploi Martine Aubry. "La politique de Villepin ? Une fuite devant les responsabilités", a attaqué d'entrée de jeu François Hollande. "Deux cents jours de mots parfois doux à l'oreille, mais deux cents jours d'actes durs pour les Français" a-t-il poursuivi, énumérant "les déficits, la dette, l'injustice, la précarité, la régression, le tout sans croissance"... "Voler les mots du PS." Sans appel, le jugement du PS sur l'action du Premier ministre porte autant sur les faits - "une économie anémiée, un pouvoir d'achat amputé, une réforme fiscale concentrant le plus d'injustice depuis 2002" - que sur la méthode. À ceux qui seraient tentés de croire que l'ère Villepin est moins droitière que celle de Raffarin, le leader socialiste remet les idées en place : "La méthode Villepin consiste à voler les mots du PS et des organisations syndicales pour mener la même politique que Raffarin, encore amplifiée." La "croissance sociale", qui constitue désormais le fil directeur du projet politique de l'hôte de Matignon - en vue de la présidentielle ? - n'est pour le PS qu'une expression de précampagne électorale dénuée de tout fondement. La politique Villepin ne favorise à ses yeux "ni la croissance ni le social, mais se résume à du clientélisme antisocial"...Quant au fameux slogan "Travailler plus pour gagner plus", promesse faite aux Français par la droite de retour au pouvoir en 2002, il ne s'est guère concrétisé dans les faits, selon Martine Aubry. L'ex-ministre qui a piloté les 35 heures a constaté que "depuis 2002 les Français travaillent plus en gagnant moins". Experte en la matière, elle a livré son diagnostic sur "la réalité des chiffres du chômage". Pour arriver à la conclusion que la baisse du chômage constatée depuis le printemps, dont la majorité tire profit, ne résulte pas d'une politique économique et sociale au service de l'emploi mais de l'effet mécanique de la baisse de la population active avec l'amélioration des départs en retraite. "Rien d'étonnant dans ces conditions que Gérard Larcher prévoit d'ores et déjà 300.000 chômeurs de moins en 2006", a-t-elle ironisé : "Sans rien faire, le chômage baissera spontanément..." L'ancien ministre de l'Emploi a contesté l'analyse selon laquelle la diminution des statistiques du chômage depuis huit mois serait l'effet des contrats aidés remis en selle par le plan Borloo. Avec la suppression des CES et des emplois-jeunes, les contrats aidés ont baissé de 40.000 entre mai et octobre, selon ses calculs. En revanche, alors que la population active augmentait de 200.000 par an ces dernières années, elle commence à régresser à compter de 2005 et le mouvement va s'amplifier pour atteindre une baisse de 200.000 par an dès 2007. Une bonne nouvelle pour la majorité qui accédera alors au pouvoir...Delphine Girard
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.