Stock-options : le patronat plus que réservé sur la proposition Balladur

Faut-il interdire aux patrons d'exercer leurs stock-options tant qu'ils sont aux commandes de leur entreprise ? Ces options d'achat, accordées aux principaux dirigeants d'une entreprise pour les motiver, leur permettent, après un certain délai, d'acheter un certain nombre d'actions de leur société, à un prix fixé d'avance, souvent inférieur au cours réel (la décote pouvant atteindre 20 %). L'ancien Premier ministre Edouard Balladur a accompagné la polémique récente en déposant, avec d'autres députés UMP, une proposition de loi durcissant les conditions d'exercice des stock-options par les mandataires sociaux (lire également page 28).Affaires Vinci et EADS. Réponse dans l'urgence aux affaires Vinci et EADS, cette initiative dérange. Ainsi, le Medef, contacté par La Tribune refuse " au stade actuel de commenter cette proposition ". Mais l'organisation patronale critique la méthode employée. " Faire à chaud une proposition pour répondre à un cas particulier n'est pas forcément la bonne démarche ", explique-t-on dans l'entourage de la présidente du Medef, Laurence Parisot. Pour l'instant, plutôt que d'entrer dans ce jeu, le Medef préfère " analyser sérieusement " les choses en s'intéressant à ce qui se fait à l'étranger. L'organisation patronale met aussi en garde contre le risque de voir cet outil de motivation que sont les stock-options éliminées par la proposition Balladur.Si le Medef reste sur la réserve, à l'inverse l'organisation Croissance Plus dit, par la voix de son président, tout le mal qu'elle pense du dispositif envisagé. Pour Geoffroy Roux de Bézieux, " cette proposition de loi telle qu'elle est rédigée est absurde ". Le président de cette organisation patronale met en garde contre " les effets pervers " qu'aurait une disposition qui, si elle était retenue, pousserait le management à quitter une entreprise pour pouvoir toucher les bénéfices d'un plan de stock-options.Pour autant, faut-il laisser les choses en l'état tout en se lamentant épisodiquement de voir certains patrons se laisser aller à des comportements condamnés par l'opinion mais aussi par nombre d'autres chefs d'entreprise ?Contre-propositions. Geoffroy Roux de Bézieux estime nécessaire de réagir afin de " lever la suspicion " actuelle. Pour cela, il émet des propositions visant à rendre le système plus transparent, plus moral et plus démocratique. Tout d'abord, le chef d'entreprise annoncerait à l'avance, à une date définie par l'entreprise, le montant des options qu'il souhaite lever. Ensuite, le président de Croissance Plus suggère qu'un patron d'entreprise ne puisse être bénéficiaire de plus de 10 % du plan de stock-options mis en place dans son entreprise. Enfin, il recommande qu'au moins 20 % des collaborateurs de la société aient accès au plan de stock-options.Ces propositions abordent la question des stock-options dans leur globalité (modalités d'exercice, montant et diffusion) alors que " la proposition de loi ne fait pas le tour du sujet ", juge Hervé Mariton. " Edouard Balladur pose une bonne question, mais il faut éviter de conclure trop vite ", poursuit ce député UMP proche de Dominique de Villepin, qui se déclare partisan d'une mission d'information parlementaire. Le ministre délégué au Budget, Jean-François Copé, estime de son côté que le débat doit avoir lieu. "Entre un système de gel complet et un système d'opacité trop important, je pense que l'on peut trouver peut-être un équilibre", déclare-t-il.Le porte-parole de l'UMP, Luc Chatel, se dit quant à lui favorable à une mission d'information parlementaire d'" un ou deux mois qui peut être un moyen de bouger à condition que cela n'enterre pas le sujet ". Le président de l'UMP, Nicolas Sarkozy, a plaidé le 22 juin " pour qu'aucun programme de stock- options ne puisse être réservé aux seuls dirigeants, mais qu'il soit étendu à tous les salariés de l'entreprise ".À Bercy, on écoute. Thierry Breton " réfléchit à ces sujets ", expliquent ses proches, et toutes ces déclarations comme la proposition Balladur " contribuent à cette réflexion ". Le résultat de ces échanges pourrait trouver sa traduction concrète à l'automne dans le projet de loi sur la participation, précise-t-on au ministère de l'Économie et des Finances.
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