Les profs de sciences économiques sceptiques sur le rapport Guesnerie

Retour aux fondamentaux. La formule résume à elle seule le fil conducteur du rapport sur l'enseignement de l'économie au lycée qu'a remis hier le professeur au Collège de France et économiste Roger Guesnerie au ministre de l'Éducation nationale, Xavier Darcos.Ce rapport est né d'une polémique lancée en 2007 par l'Institut de l'entreprise, un organisme proche des milieux patronaux, qui critiquait violemment le contenu des manuels de sciences économiques et sociales (SES) servant de base à l'enseignement de cette discipline dans les lycées. Cette critique a reçu un écho favorable du ministre qui a demandé à une commission, présidée par le professeur au Collège de France, de réaliser un audit de cet enseignement qui, selon lui, oublie trop " l'entreprise " et ne fait pas preuve d'assez de " neutralité ". Bref, l'enseignement serait tendancieux !VERS UNE " REFONTE IMPORTANTE" DES MANUELSLe ministre a indiqué qu'il " comptait aboutir à des décisions concrètes " en matière de manuels scolaires " dès la rentrée 2009 ". Le rapport préconise de renforcer les synergies avec l'histoire et les mathématiques et d'étendre l'enseignement des SES à tous les élèves de seconde. Il prône encore une " refonte importante " des manuels, pour éviter qu'ils soient de simples recueils de documents et pour différencier plus nettement les faits de l'analyse. Il critique par ailleurs " l'encyclopédisme " et " l'ambition démesurée " de programmes voulant traiter " tous les grands problèmes de la société " alors qu'il vaudrait mieux, selon lui, insister sur l'acquisition de " connaissances " et de " compétences " précises. En clair, les fameux fondamentaux.S'ils ne contestent pas, voire parfois approuvent le rapprochement des disciplines et la généralisation de l'enseignement des SES en seconde, les professeurs accueillent cependant le rapport avec une certaine " réticence ", relève Sylvain David, président de l'Association des professeurs de SES (Apses). " À quoi sert-il de faire des gammes [les fondamentaux] toute la journée sans pouvoir ensuite mettre en pratique, jouer sa propre musique au sein du concert de l'actualité ? " s'interroge-t-il. " Dire qu'il faut revenir aux fondamentaux, c'est méconnaître ce que l'on fait en classe ", proteste Patricia Morini, professeur de SES au lycée Marguerite-Yourcenar à Morangis (Essonne).Quant au procès de non-neutralité, les enseignants le réfutent formellement. " Notre enseignement est l'objet d'une foultitude de préjugés ", relève Erwan Le Nader, professeur au lycée Gutenberg à Créteil (Val-de-Marne). " D'ailleurs, les seules SES font l'objet d'un audit, pourquoi pas les autres disciplines ? " se demande-t-il. Cela cacherait-il quelques intentions secrètes de la part du ministère ? " Cela me semble évident, affirme un enseignant qui souhaite garder l'anonymat, derrière tout ça, le gouvernement veut mettre les sciences économiques et sociales au goût du patronat ".
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