Des plages menacées de fermeture

Au moment où, grandesvacances obligent, des millions de Français et d'Européens rejoignent les plages de l'Hexagone, une ONG, Surfrider Foundation Europe, spécialisée dans la protection des littoraux, tire la sonnette d'alarme. Une directive votée en 2006 par le Parlement européen, qui durcit considérablement les normes de qualité des eaux de baignade et actuellement en cours de transposition en droit national, risque d'aboutir à " une forte augmentation des plages interdites à la baignade ", s'inquiète Cendrine Templier, directrice adjointe de l'association. Selon une étude réalisée par l'ONG, en partenariat avec France Nature Environnement (FNE, une fédération d'associations environnementales), sur quelque 1.600 plages de la façade atlantique jusqu'aux côtes méditerranéennes et concernant 23 départements métropolitains, l'application des nouvelles normes entraînerait un déclassement de 22 % d'entre elles. Ce qui représente 352 plages. Le déclassement n'implique pas nécessairement une fermeture de la plage. Il signifie une baisse de la qualité des eaux qui par exemple peut passer de " bonne " qualité à " insuffisante ". Sauf pour 131 d'entre elles, dont le déclassement mènerait de facto à " une interdiction de baignade ".PARADOXE" Personne ne conteste la nécessité d'avoir des eaux de baignade les plus propres possibles ", admet Cendrine Templier. Sauf que dans la réalité ce resserrement des normes, qui s'imposera définitivement à l'ensemble des plages françaises à partir de 2015, " risque non pas d'aboutir à une amélioration de la qualité des eaux, mais, au contraire, à la fermeture des plages ", explique-t-elle. Paradoxe ? Pas vraiment. Les communes littorales n'ont pas toutes les moyens d'engager les investissements nécessaires à l'amélioration de la qualité des eaux. Du coup, plutôt que d'engager des dépenses lourdes pour leurs finances publiques, elles décident de fermer purement et simplement leurs plages au public.Lutter contre la fermeture des plages " dépasse le simple enjeu récréatif ", insiste Cendrine Templier. Car des plages interdites de baignade, c'est " moins de retombées pour le tourisme, l'hôtellerie, la restauration, etc. ". En effet, selon l'Agence de l'eau Seine-Normandie, qui a réalisé une étude d'impact de la directive, " un déclassement brutal de 20 à 30 % des baignades grèverait de 15 % le chiffre d'affaires lié au tourisme littoral, soit un manque à gagner de 20 à 100 millions d'euros sur un chiffre d'affaires annuel de 1 à 2 milliards d'euros ".
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