Budget : le passé absorbe les marges de manoeuvre

Aucun ministre n'imagine que son budget puisse baisser. " Cette petite phrase d'un spécialiste des questions budgétaires illustre à quel point la situation est aujourd'hui tendue au gouvernement alors que le ministre des Comptes publics, Eric Woerth, tente de boucler le budget 2009. Or pour l'instant " cela ne boucle pas ", indique un élu. Des réunions d'arbitrage sont d'ailleurs encore prévues cette semaine. Compliquée à résoudre, l'équation proposée au gouvernement est la suivante. L'application de la règle d'une croissance des dépenses du budget de l'État limitée à l'inflation se traduit par une marge de manoeuvre de l'ordre de 6 milliards d'euros (hypothèse d'inflation de 2 %). Mais ces 6 milliards sont d'ores et déjà absorbés par " le poids du passé " à savoir les intérêts de la dette (2 milliards), la hausse mécanique des pensions (2 milliards) et l'augmentation liée à l'inflation des prélèvements au profit des collectivités territoriales et de l'UE (2 milliards). Avec une marge de manoeuvre réduite à néant, il faut financer les engagements pris pour la politique de la ville, la défense et le revenu de solidarité active (RSA). Ce dernier devrait coûter entre 1 et 1,5 milliard d'euros.FAIRE DES SACRIFICESPour Gilles Carrez, rapporteur général UMP du budget à l'Assemblée, cela signifie " qu'il faut trouver 2 à 4 milliards d'économies sur d'autres budgets " . Autrement dit, résume Gilles Carrez, " si l'on veut faire le RSA, il faut faire des sacrifices et dire lesquels ! " Cela signifie aussi que l'objectif de non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite soit " obligatoirement tenu ", faute de quoi la masse salariale en activité augmentera. L'application de cette règle implique que le gouvernement annonce 34.000 à 35.000 suppressions de postes.À une semaine du débat d'orientation budgétaire, Gilles Carrez souhaite donc une prise de conscience. " La très, très grande vulnérabilité de nos finances publiques nous oblige à une exigence sérieuse sur les dépenses de l'État. Elles ne peuvent en aucun cas dépasser l'inflation. " S'il paraît aussi inquiet, c'est sans doute qu'il sait qu'en 2007 la France n'a guère brillé dans son action pour réduire le déficit budgétaire. Sur les 20 milliards de recettes générés par la croissance de 2,2 % enregistrée l'an dernier, un milliard est allé à la baisse du déficit budgétaire pour 12 milliards consacrés aux réductions d'impôts, 2 milliards aux baisses de charges et 5,5 milliards à l'augmentation desdépenses.
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