Préretraites : à long terme un impact incertain sur le chômage

La préretraite permet-elle de lutter efficacement contre le chômage ? Si un consensus implicite a conduit à un développement massif de ce type de mesures depuis plusieurs décennies, le bilan en est pourtant « incertain », indique le premier rapport du Conseil supérieur de l'emploi des revenus et des coûts (CSERC), qui se contente pour le reste de dresser un panorama déjà connu des inégalités de la société française. « A court terme, la baisse des taux d'activité menée depuis le début des années 70 a permis de limiter le chômage. Mais, elle a eu un coût qui a pesé, à long terme, sur les revenus des ménages et la compétitivité des entreprises », estime le CSERC. Face à la hausse du chômage, la France a, dès les années 60, eu largement recours à la préretraite. Ce mouvement s'est appuyé sur un consensus implicite fort. C'est un moyen immédiat de lutte contre le chômage pour les pouvoirs publics, une facilité de gestion de réduction des effectifs pour les entreprises, et, enfin, une solution acceptable pour les salariés âgés. Cette voie a donc été très pratiquée. Dernier en date, l'accord signé par les partenaires sociaux le 7 septembre 1995 qui crée, pour la première fois, un droit de départ dès 58 ans, dès lors que que celui-ci est compensé par une embauche. En 1984, au moment de sa plus forte expansion, 685.000 personnes bénéficiaient d'une préretraite. Même si le nombre de bénéficiaires a depuis fortement décru, pour s'établir à 211.000 en 1994, la France partage avec l'Italie le taux d'emploi des hommes de 55 à 64 ans le plus bas d'Europe : seuls deux sur cinq avaient un emploi en 1993. Ces dispositifs ont également permis de limiter le chômage des plus âgés. Ainsi, toujours en 1993, sur cent hommes âgés de 55 à 64 ans, trois seulement étaient chômeurs. Mais ces mesures coûtent chers. En 1993, le ministère du Travail consacrait 20,6 milliards aux préretraites. En outre, ces dispositifs privent nombre d'entreprises d'un savoir-faire irremplaçable. « Ainsi, le bilan des politiques de retrait de l'activité est incertain », conclut le CSERC. « Dans les années à venir, la capacité de l'économie française à utiliser les compétences des travailleurs les plus âgés sera nécessaire. Il est donc souhaitable que le passage de l'activité à l'inactivité s'effectue de manière plus souple qu'actuellement. » Xavier Harel
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