Devenir propriétaire : un rêve de plus en plus inaccessible

Qui n'a pas rêvé de posséder son propre appartement ou un pavillon avec jardin ? Hausse des prix des logements, niveau élevé des taux d'intérêt, raréfaction des aides personnelles à l'accession (PAP, prêts conventionnés..), menace du chômage. De moins en moins de Français peuvent se permettre de devenir propriétaire, selon une étude de l'Insee (*). Le développement continu de l'accès à la propriété depuis un demi-siècle s'est pratiquement interrompu au début de la décennie. Contrecoup du tassement de la propriété, le logement locatif a connu un net regain. A la surprise de beaucoup d'experts, le nombre de logements loués par le secteur privé s'est accru de 300.000 entre 1988 et 1992, presque autant que ce qu'il avait perdu entre 1984 et 1988. Le développement continu de la propriété depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale semblait pourtant irréversible. Pourtant, les statistiques de l'Insee ne laissent aucune place au doute. Le nombre de ménages propriétaires de leur résidence principale n'a progressé que de 0,2 point entre 1988 et 1992, atteignant 53,8 % des ménages. La hausse avait atteint 7 points entre 1978 et 1988. L'ampleur du ralentissement est sans précédent. Il s'explique pour une large part par le recul de l'accession sociale à la propriété. « Dans un contexte de taux d'intérêt réels très élevés, beaucoup de ménages, en particulier parmi les moins solvables, ont renoncé à acheter plutôt que de revoir à la baisse leurs projets, résume Thierry Lacroix, chef de la division logement de l'Insee. La sélection s'est opérée au détriment de ceux dont les capacités de financement étaient les moins importantes, en raison soit de ressources modestes ou de l'absence de soutien familial, soit surtout d'un patrimoine trop limité pour permettre la constitution d'un apport personnel suffisant. Les ouvriers, les familles nombreuses et les locataires du secteur HLM ont été les plus touchés par ce recul de l'accession sociale. » La forte diminution vers l'accession sociale dans le secteur HLM s'est traduite par un ralentissement tout aussi net des départs. « Comme, par ailleurs, la construction neuve s'est ralentie, la mobilité des occupants s'est nettement réduite au sein des parcs HLM et sa capacité d'accueil pour de nouveaux arrivants a fléchi, engendrant un allongement des files d'attente », souligne l'Insee. Un phénomène dont semble avoir bénéficié le secteur locatif privé, devenu, entre 1998 et 1992, « plus que jamais le secteur pivot des mouvements résidentiels ». Les loyers ont d'ailleurs fortement augmenté. Entre 1984 et 1992, ils se sont accrus de 39 %, soit deux fois plus vite que l'inflation. Résultat, fin 1992, les ménages locataires consacraient en moyenne 17,1 % de leur revenu au paiement de leur loyer, contre 12,4 % huit ans auparavant. X. H. (*) « Les Ménages et leur Logement au début des années quatre-vingt-dix ». « Economie et Statistique » no 288-289, Insee, janvier 1996.
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