Les honoraires ont augmenté de 3,6 % en 95

LES HONORAIRES en francs constants perçus par le médecin ont augmenté de plus de 3,6 % en 1995. Après une année marquée par une stabilisation, voire une légère diminution (-0,03 %), en 1994, cette croissance n'a rien d'exceptionnel. Elle s'explique par la conjonction de deux phénomènes : une très forte augmentation de l'activité médicale libérale en 1995 (6,4 % de décembre 1994 à novembre 1995 selon les dernières statistiques publiées par la Cnam) et une quasi-stabilisation du nombre des médecins libéraux. C'est sur cette forte croissance des honoraires médicaux que le gouvernement s'appuie pour justifier les sanctions financières qu'il impose pour 1996 aux praticiens libéraux (voir ci-dessus). Celle-ci recouvre cependant des réalités totalement différentes, selon les praticiens et le lieu d'exercice. Davantage de spécialistes On compte aujourd'hui quelques 116.400 médecins exerçant dans le cadre du secteur libéral (1). Ce qui représente 69 % des médecins actifs (libéraux, médecins-fonctionnaires et salariés du secteur hospitalier). En moyenne, depuis quinze ans, leur nombre s'est accru de 2,9 % par an. Mais en fait, depuis 1988, ce taux diminue régulièrement, passant de près de 5 % entre 1987 et 1988 à + 0,8 % depuis 1994. Les effets du numerus clausus sont donc nettement visibles, à partir de la fin des années 80. Dans le même temps, on observe une forte tendance à la spécialisation : les généralistes, qui représentaient 56 % des effectifs du corps médical en 1987, ne sont plus que 50 % aujourd'hui. Cette évolution n'est pas sans peser sur les finances de la caisse d'assurance maladie, puisque le montant des honoraires d'un spécialiste est plus élevé qu'un généraliste. Elle va aussi à contre courant de la réforme qu'Alain Juppé se propose d'initier, à savoir un passage obligé du patient par le généraliste, avant de consulter le spécialiste. Malgré la tendance à réduire la croissance des effectifs, le nombre de médecins reste important : la densité est de 194 médecins pour 100.000 habitants (France métropolitaine). C'est beaucoup, surtout pour certaines régions : la densité est très forte en région parisienne (409) ou sur la Côte d'Azur (Nice : 297,2), par comparaison au nord et à l'est de la France (121,1 à Sarreguemines). Selon la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam) il y aurait environ 30.000 médecins libéraux en trop. Un sureffectif qui pèserait sur les comptes de la Sécurité sociale, partant du principe que l'offre crée la demande. Et qu'un médecin libéral coûte cher à l'assurance maladie : 1,8 million de francs en moyenne par an, dont 700.000 francs en honoraires et 1,1 million en prescriptions de médicaments... D'où l'idée reprise par Alain Juppé lors de la présentation de son plan Sécu, de reconvertir un certain nombre de médecins libéraux vers d'autres secteurs au contraire déficitaires : hôpitaux, médecine du travail, médecine scolaire ou carcérale. Les syndicats de médecins n'y sont pas opposés, et sont prêt à en discuter dans le cadre de l'ordonnance sur la maîtrise des dépenses de médecine de ville. Encore faudrait-il pouvoir mieux rémunérer les médecins de ces secteurs déficitaires, et pousser les praticiens à se reconvertir aux moyens de primes réellement incitatives. Ce qui signifie qu'une telle réforme, pour être efficace, coûterait d'abord de l'argent au budget de la Sécurité sociale, avant de lui permettre d'en économiser... I. DE G. (1) Sources : « le Secteur libéral des professions de santé en 1994 » par la Cnam et le numéro de novembre 1995 d'« Informations rapides » du ministère du Travail et des Affaires sociales.
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