Aguiton (SUD) : « Les problèmes n'ont pas été résolus »

La Tribune. - Après avoir décidé de geler le traitement des fonctionnaires, le gouvernement impose la rigueur salariale dans le secteur public, qu'en pensez-vous ? Christophe Aguiton. - C'est inacceptable. Comme tous les syndicats de fonctionnaires nous étions opposé au gel des traitements. Nous sommes aussi contre celui des salaires dans le secteur public. Une autre « crise sociale » est-elle envisageable ? Nous ne faisons pas de pronostic. L'ensemble des problèmes n'a pas été résolu. De surcroît, le mouvement social s'est accompagné d'une exceptionnelle solidarité. L'exemple le plus flagrant est celui de Caen : les fonctionnaires du centre de tri, qui ont la garantie de l'emploi, ont fait grève pendant un mois avec les contractuels, une de leurs revendications principales étant que les salariés précaires obtiennent un emploi stable. Voilà qui est important. Lorsque vous dites que tous les problèmes ne sont pas réglés, à quoi faites-vous allusion ? Nous faisons partie des syndicats qui pensent que les conditions sont réunies pour créer un mouvement d'ensemble. Le conflit de décembre a été nourri par une accumulation de problèmes qui ont conduit au blocage. Il était question des salaires, des retraites, de l'emploi et du chômage, du développement de la précarité. Songez : à La Poste, 50.000 salariés occupent un emploi précaire en permanence. A cela s'ajoutent les menaces qui pèsent sur l'avenir du service public. Pour partie, notamment en ce qui concerne les retraites, les choses ont été réglées. Mais les questions liées au service public, aux salaires, à l'emploi, persistent. Nous essayons d'organiser un rendez-vous avec les organisations qui ont soutenu elles aussi la grève. La FSU propose d'organiser une manifestation nationale en janvier et nous soutenons cette initiative. Mais il nous faut aussi une réponse de la CGT et de FO car leur présence est déterminante pour pouvoir réussir cette manifestation . Certains problèmes sont-ils spécifiques à France Télécom ? Le premier concerne l'ouverture des télécommunications à la concurrence. La loi de réglementation du secteur des télécommunications fera l'objet d'une table ronde le 9 janvier. Or nous craignons que tout cela se traduise par la remise en cause du service public avec l'augmentation prévue de l'abonnement - ce qui pénaliserait les Français aux revenus modestes. Il est aussi question de supprimer le principe de péréquation géographique. Cela va poser des problèmes très importants en terme d'aménagement du territoire, car jamais une entreprise n'acceptera de s'installer dans une région où le prix des communications serait 30 % plus cher qu'ailleurs, comme cela se passe déjà en Grande-Bretagne. Il y a aussi la question cruciale du changement de statut des salariés de France Télécom. Si jamais le projet se précise, il provoquera un mouvement de grande ampleur. Le personnel est totalement opposé à une privatisation quelle qu'elle soit, car derrière le changement de statut se pose la question de l'emploi. Pensez-vous que le paysage syndical va changer après ce conflit ? Une certaine forme d'unité a pu se réaliser grâce à l'action commune de la CGT, de FO et du « groupe des dix » (dont SUD et le SNUI font partie - NDLR). Nous rêvons d'une unité syndicale permanente, de sorte que les organisations puissent se rencontrer pour discuter des grands sujets. Il y a eu un signe fort lors de la manifestation du 12 décembre. Les secrétaires généraux de FO, la CGT, SUD, la FSU, les responsables des deux Unef, d'Agir contre le chômage... étaient ensemble dans le carré de tête. Pour nous, le fait que des forces syndicales, des chômeurs, des exclus étudiants puissent ainsi se réunir est un gage d'avenir. Propos recueillis par Perrine Cherchève
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