Un nouveau cas de « vache folle » relance la polémique

Un nouveau cas d'encéphalopathie spongiforme bovine (EBS), connue sous le nom de la maladie de la « vache folle », a été décelé dans la Mayenne. Selon les statistiques officielles, il s'agit du vingt-et-unième cas enregistré depuis la déclaration de l'épizootie en France en mars 1991. « Conformément aux mesures en vigueur », tout le cheptel concerné - un troupeau de 75 vaches laitières - a été éliminé, indique le ministère de l'Agriculture. Cependant, cela n'a toujours pas été le cas, de l'aveu même du ministre Philippe Vasseur. Cinq troupeaux au moins sur les vingt et un incriminés auraient échappé à l'élimination totale et leur viande aurait été commercialisée. La France devrait connaître d'autres cas de « vache folle ». Pour une raison simple : la période d'incubation est longue et il doit exister encore beaucoup de vaches laitières ayant consommé la farine carnée britannique contaminée par l'agent de l'ESB. Or, c'est seulement en août 1989 que Paris a interdit les importations des farines britanniques. Par la suite, en juillet 1990, le gouvernement français a prohibé toute utilisation des farines de viande et d'os, quelle que soit son origine, dans l'alimentation des bovins. Pourtant, depuis juin 1988 déjà, le Royaume-Uni avait déclaré hors la loi l'incorporation des farines carnées dans l'alimentation des bovins sur son propre territoire. Mais le gouvernement Thatcher a continué à vendre à l'étranger, se souciant peu d'exporter la maladie de la « vache folle ». L'argument de la Dame de fer était implacable : puisque la farine animale, même contaminée, pouvait être donnée aux cochons et poulets sans risque selon l'avis des scientifiques, c'était aux importateurs et aux utilisateurs de contrôler la destination finale de ces farines. Mais ces circuits brillent par leur opacité. Et le comportement des éleveurs, en bout de chaîne, n'est pas exempt de tout soupçon. Vingt et un cas de « vache folle » recensés officiellement jusqu'à aujourd'hui semblent peu compte tenu de l'importance des volumes de farines carnées britanniques importées en 1988 et 1989 (26.311 tonnes sur ces deux années) en France. Sans compter les bovins vivants importés du Royaume-Uni sans restriction jusqu'en février 1990 ; depuis cette date et jusqu'à l'embargo du 21 mars dernier, seuls les veaux britanniques de moins de six mois pouvaient être importés en France. Autre suspicion : avec l'avènement du marché unique et la suppression des frontières douanières à l'intérieur de la Communauté européenne, des marchands ont recommencé à importer des fari- nes britanniques en France. Entre 1er janvier 1993 et 21 mars 1996, la direction des Douanes en a comptabilisé 14.172 tonnes. Qui sont ces importateurs ? Que sont devenues les farines importées ? Pour l'heure ces questions sont sans réponse. Ou plutôt la réponse à la première question est connue - puisque les Douanes établissent leurs statistiques sur déclaration des importateurs - mais elle n'est pas publique. Avec la multiplication des plaintes contre X déposées par des associations de consommateurs et des syndicats agricoles minoritaires, la chasse aux coupables est ouverte. Marc DEGER
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