Formation des jeunes : le bilan mitigé de la régionalisation

Manque de concertation entre l'Etat, les partenaires sociaux et les acteurs régionaux... Quasi-absence de politique d'insertion en direction des jeunes en très grande difficulté... Près de trois ans après la mise en place de la loi quinquennale sur l'emploi qui a confié aux régions l'élaboration des politiques de formation des jeunes, le bilan est plutôt négatif. Selon le rapport d'évaluation réalisé par le Comité de coordination des programmes régionaux d'apprentissage et de formation professionnelle, la loi quinquennale, parce qu'elle a modifié « le jeu institutionnel en vigueur depuis dix ans pour la gestion des différents dispositifs de formation », a introduit des « incertitudes sur la mise en oeuvre de manière coordonnée des politiques ». Concrètement, ce rapport qui vient d'être remis au Premier ministre constate d'abord des inégalités profondes entre les dif- férentes régions de France métropolitaine. Trois pôles se distinguent. Le premier, qui rassemble les régions du nord de la France se caractérise par « un système éducatif marqué par de faibles taux de scolarisation ». Quelle que soit l'issue de la voie scolaire ou de l'apprentissage, « l'insertion des jeunes est difficile ». A l'inverse, les régions du sud, auxquelles s'ajoutent la Bretagne et l'Ile-de-France, sont marquées par une forte scolarisation et par le poids prédominant des activités tertiaires. Ailleurs, on note un fort développement des formations professionnelles en milieu scolaire ou par l'apprentissage. Avec la mise en place de la loi quinquennale de nouvelles difficultés sont apparues. D'abord, la coordination entre les différents acteurs - conseil régional, Etat, organisations professionnelles et syndicales - se fait péniblement. S'agissant de l'Etat force est de constater l'absence de l'AFPA ou de l'ANPE dans la réalisation des programmes régionaux de formation. S'agissant des partenaires sociaux, ceux-ci ont du mal à s'accorder sur leurs besoins en formation. Résultat : à la fin 1995, moins de la moitié des régions étaient signataires d'un ou plusieurs contrats d'objectifs, et ne disposaient donc pas de programmes cohérents. Plus généralement, les rapporteurs notent que les régions ne parviennent pas à trouver une autonomie territoriale et « des marges de manoeuvre par rapport au politiques nationales et aux stratégies des entreprises et des partenaires sociaux ». La logique économique privilégiée S'agissant de l'insertion des jeunes en difficulté, les régions privilégient sous l'influence des acteurs locaux la « logique économique ». Elles développent majoritairement l'alternance (apprentissage ou enseignement professionnel sous statut scolaire), au détriment de formules destinées à l'insertion des publics en difficulté. Et si quelques conseils régionaux « expriment leur engagement pour que la politique régionale de formation s'inscrive clairement dans un objectif de maintien de la cohésion sociale », les rapporteurs constatent que ce choix « est peu fréquent ». Perrine Cherchève
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