ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR + Allègre reprend le casse-tête du statut social étudiant

C'est un cactus, épineux à souhait. Le ministre de l'Education nationale reçoit aujourd'hui les étudiants pour discuter de leur statut social. Un projet qui date de 1995. Le candidat Chirac voulait assurer des aides ou des prêts de 30.000 francs par an à chaque étudiant. Forts de cette promesse, les syndicats ont négocié plus de dix-huit mois avec François Bayrou, avant d'entendre, en avril, l'ex-ministre reporter toute décision sine die , faute de moyens. Surprise : le dossier revoit le jour lors du discours de politique générale de Lionel Jospin devant l'Assemblée, le 19 juin, alors que le PS avait ignoré le sujet pendant la campagne. « La mise en place d'un plan social étudiant [...] permettra à tous de travailler dans des conditions matérielles convenables », déclare alors le Premier ministre. Une demande pressante. Le chantier reprend donc là où il en était. Il s'ouvre sur l'allocation sociale d'études, à laquelle les campus tiennent beaucoup. La demande est pressante : un jeune sur trois travaille pour financer ses études, et la demande de bourses a augmenté de 27 % depuis 1992. Pour financer un « revenu minimum », l'Unef-ID, principal syndicat universitaire, propose de refondre le système des aides fiscales accordées aux parents. Ces derniers bénéficient de l'inscription sur leur feuille d'impôt d'une demi-part par enfant étudiant, d'une part entière à partir du troisième. En 1996, 730.000 familles ont profité du dispositif, pour 6,4 milliards de francs. Encore faudrait-il convaincre Matignon et Bercy de porter une nouvelle fois le fer dans les foyers, après avoir plafonné les allocations familiales. Claude Allègre ne s'est pas encore prononcé. « Les étudiants souhaitent une autonomie par rapport aux revenus des parents, a-t-il déclaré jeudi à Libération. D'un autre côté, tous les acteurs sociaux disent qu'il faut tenir compte des revenus des parents. » Le ministre veut présenter ce « grand choix de société » au Parlement l'année prochaine. Un dossier délicat. Le reste du dossier est tout aussi délicat. A commencer par les aides au logement. Toute intention de placer l'ALS (allocation logement à caractère social) sous conditions de ressources parentales risque de faire descendre les campus dans la rue, comme en 1993. L'ALS profite pourtant à 520.000 étudiants (un budget de plus de 4 milliards de francs) sans tenir compte des revenus versés par leurs parents. Ce n'est pas Claude Allègre, mais Louis Besson, secrétaire d'Etat au Logement, qui peut statuer sur ce point. En revanche, le système des bourses (396.600 bénéficiaires en 1996 pour un budget de 6,3 milliards de francs) est entièrement aux mains du ministre de l'Education. Et il sera sans doute revu. Claude Allègre souhaite mettre à contribution les universités qui en ont les moyens. Une étude de la Fage (Fédération des associations générales d'étudiants) tombe à point nommé : elle dénonce les droits d'inscription supplémentaires que demandent la plupart des facs. Nicolas Prissette
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