VILLES + Martine Aubry veut mieux contrôler l'argent de l'Etat dans les zones franches

Le retour de la ville dans le giron du ministère des Affaires sociales préfigure-t-il une réorientation de politique ? Les premières déclarations de Martine Aubry, ministre de l'Emploi et de la Solidarité, et qui chapeaute aussi la DIV (délégation interministérielle de la ville), avaient pu le laisser croire. « Il ne faut pas promouvoir une politique de ghettos, avec des subventions particulières, cloisonnées à des quartiers géographiquement limités », déclarait ainsi le ministre mardi dernier, considérant qu'« agir dans les quartiers en difficulté, c'est d'abord mener les actions prioritaires du gouvernement dans toutes les luttes contre l'exclusion ». C'était aller à l'encontre de toute la politique de « discrimination positive » menée depuis une quinzaine d'années en la matière. Martine Aubry a dû rectifier le tir, en affirmant hier, dans un communiqué, que « les mesures spécifiques aux quartiers en difficulté ne seront pas abandonnées ». Côté ville, les quartiers difficiles sont classés en zone urbaine sensible (750), zone de redynamisation urbaine (350), et enfin en zones franches depuis cette année. Ces dernières, au nombre de 38, bénéficient d'un effort important de l'Etat : exonération de taxe professionnelle et d'impôt sur les bénéfices pendant cinq ans, de charges sociales pendant un an... « Ces zones franches urbaines ne seront pas remises en cause », a tenu à préciser hier Martine Aubry. Mais « il convient d'être vigilant afin d'éviter l'utilation abusive de cet effort financier de l'Etat. » Dans l'entourage du ministre, on se montre en effet critique à l'égard de cette politique. Son coût semble prohibitif : 2,5 milliards de francs budgétés pour les seules zones franches en 1997. Alors qu'elle commence à montrer ses limites, ne serait-ce que par la difficulté de découper dans un tissu urbain extrêmement dense des zones spéciales, sans créer de distorsion de concurrence. De plus, une telle politique risque de conduire à la formation de villes « à l'américaine », morcelée en ghettos distincts, sans cohésion globale. Martine Aubry n'entend pas tout remettre en question. Mais elle va désormais privilégier la recherche d'un « développement urbain équilibré et la reconstruction de vraies villes ». I. de G.
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