La croissance victime de la réduction des déficits

Ramener à 3 % du PIB les déficits publics français en 1997, c'est possible, affirme le Conseil des ministres des Finances de l'Union européenne. Sans toutefois en préciser le coût. La note risque pourtant d'être salée, la restriction budgétaire n'ayant pas pour contrepartie un nouvel assouplissement de la politique monétaire (baisse des taux d'intérêt). Une étude publiée par le Crédit Agricole montre que des économies budgétaires de 60 milliards de francs sur le budget 1997 amputeraient la croissance de 0,6 à 1,1 point dès la première année et pèseraient lourdement sur l'activité des deux années suivantes avec en corollaire une hausse sensible du chômage. Pour être éligible à la monnaie unique, le gouvernement doit théoriquement ramener les déficits publics à 3 % du PIB en 1997. Pour ce faire, la France devra réaliser en 1997 des économies budgétaires de l'ordre de 0,8 point de PIB, soit 60 milliards de francs, selon les calculs du Crédit Agricole. Dans la moins bonne hypothèse, celle d'une baisse uniforme des dépenses publiques, la croissance serait amputée de 1,1 point de PIB la première année, puis encore de 1,1 point la deuxième année et de 0,9 point la troisième. Qui dit moindre croissance dit moindre création d'emplois. L'emploi serait ainsi privé de 133.000 postes la première année, 175.000 postes la deuxième et 172.000 la troisième. D'où une hausse des dépenses publiques de 0,3 point, puis de 0,5 et 0,6 point les deux années suivantes. La prudence est de mise Les enchaînements keynésiens simulés par la banque sont les suivants : la baisse des dépenses se traduit par une contraction de production et donc de l'investissement. La chute de l'activité entraîne aussi une baisse de l'emploi qui diminue le revenu des ménages et pèse sur la consommation. La demande anticipée se réduit, les stocks s'alourdissent. Au bout du compte, le ralentissement de l'activité, en engendrant de moindres rentrées fiscales et un surcroît de prestations chômage, n'induit qu'une réduction du déficit public de 35 milliards de francs, soit 0,4 point de PIB. Les conséquences seraient un peu moins lourdes si les économies sont ciblées sur les aides étatiques jugées peu efficaces. La banque a ainsi simulé une baisse de 30 milliards de la consommation finale des administrations, de 15 milliards des aides aux entreprises, de 5 milliards de la masse salariale de la fonction publique - ce qui correspond au non-remplacement de 20.000 fonctionnaires - et de 10 milliards de prestations sociales. Dans ces conditions, la croissance serait amputée de 0,6 point en 1997 et d'autant en 1998 et en 1999. « Le coût en croissance et donc en emploi d'un tel ajustement conduit à prôner la prudence », met en garde la banque. Reste l'espoir que la baisse des taux d'intérêt intervenue depuis l'automne 1995 continuera de produire des effets supérieurs à ceux déjà pris en compte dans les calculs de la banque. Xavier Harel
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