Apprentissage : l'ambitieux pari des députés

Consacrée filière de l'excellence par le patronat, l'alternance est-il le moyen le plus sûr d'insérer les jeunes ? En dépit de ses conclusions très optimistes - les parlementaires préconisent l'embauche d'un million d'apprentis à moyen terme -, ils dressent paradoxalement un bilan en demi-teinte. Et cette question figure dans leur rapport au chapitre « des aides souvent inefficaces ». S'agissant de l'apprentissage, la commission rappelle que le coût du dispositif a « avoisiné » 12 milliards en 1994. Pour 1996, la contribution de l'Etat s'est élevée à 4,25 milliards (hors les 3,17 milliards de primes instituées par la loi du 6 mai 1996), soit une progression de 32 % « sur les deux années qui ont marqué la croissance de l'apprentissage, pour un objectif de 200.000 nouveaux apprentis ». Les députés estiment que le système revient à 45.000 francs par apprenti pour une efficacité somme toute modérée en terme d'embauche. S'appuyant sur l'enquête annuelle du ministère de l'Education nationale, la commission rappelle qu'à l'issue du cycle 1992-1993, 39 % étaient titulaires d'un contrat de travail de droit commun ou d'un type particulier (contrats d'adaptation, de qualification ou CES), 20 % au service national, 34 % cherchaient un emploi et 7 % étaient inactifs. Au total, 61 % des apprentis n'avaient pas accès au marché du travail. Ce résultat contrasté n'empêche pas les députés de réclamer une accélération du développement de l'apprentissage, en raison des attentes et des demandes « très fortes » des entreprises. La commis- sion fixe la barre très haut, l'objectif à moyen terme étant l'embauche de 1 million d'apprentis, contre 280.000 actuellement. A quel coût ? Les rapporteurs préco- nisent de « moduler » les aides selon des types, le niveau d'enseignement et la catégorie des entreprises. Le contrat de qualification donne des résultats plus probants. D'un coût moins élevé que l'apprentissage (3,6 milliards d'exonérations de charges et de primes en 1996), il permet d'obtenir le meilleur taux d'insertion : 52 % des sortants déclarent avoir un emploi et la moitié d'entre eux l'ont obtenu trois mois après la fin de leur contrat. Une situation qui s'explique par le fait que les bénéficiaires du dispositif sont « triés sur le volet » et plus âgés que les apprentis. Pour les députés, ce contrat peut encore gagner en efficacité par un contrôle accru des fonds consacrés à son financement. En revanche, la commission d'enquête préconise la suppression des contrats et aides destinés aux jeunes en grandes difficultés (contrats d'orientation et d'adaptation et aide pour l'emploi des jeunes). Mais la commission se garde bien de dire par quoi ces aides pourraient être remplacées. Perrine Cherchève
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