Spéculations sur la date de départ de Tony Blair

Le vaste remaniement ministériel de vendredi dernier n'a pas suffi à faire oublier à Tony Blair l'échec du Parti travailliste aux élections locales de jeudi. Une cinquantaine de députés du Labour Party ont fait circuler, ce week-end, une lettre ouverte au Premier ministre lui demandant d'indiquer "avant la fin de la session parlementaire actuelle", donc avant l'été, la date de son départ.Ce groupe de radicaux, dont font partie plusieurs anciens ministres, réclame l'ouverture d'une phase de réflexion quant au leadership et au programme politique du parti. "Un calendrier de passation des pouvoirs est nécessaire, le plus tôt sera le mieux", a lancé ainsi Andrew Smith, un ancien ministre du Travail. Réponse immédiate de Tony Blair : "J'irai jusqu'au bout de mon mandat", a-t-il affirmé hier au cours de sa conférence de presse mensuelle. Le Premier ministre estime que la défaite de jeudi est moins catastrophique qu'elle ne le paraît. Le Labour Party est arrivé troisième avec 26 % des voix au niveau national, derrière les libéraux démocrates de Menzies Campbell (stable à 27 %) et les conservateurs de David Cameron, grand gagnant du scrutin avec 40 % des votes. C'est, en fait, le même score négatif qu'aux élections locales de 2004, qui n'avait pourtant pas empêché les travaillistes de remporter, en 2005, la victoire aux législatives.Risque de déchirure. Le Premier ministre, qui a affronté hier soir le groupe parlementaire du Labour, cherche à calmer, voire à isoler, les cinquante rebelles. Pour que la question du leadership soit clairement posée, les statuts du Labour prévoient que 70 députés signent une pétition en ce sens, ce qui ne serait possible que si le camp de Gordon Brown, le chancelier de l'Échiquier pressenti pour remplacer un jour Tony Blair, décidait d'y participer. Or, l'histoire a montré jusque-là que Gordon Brown a toujours hésité à prendre des initiatives qui déchireraient le parti.Par le remaniement, Tony Blair espère revigorer son gouvernement. Le fidélissime John Reid passe de la Défense aux Affaires intérieures ; la solide Margaret Beckett de l'Environnement aux Affaires étrangères ; l'expérimenté Allan Johnson de l'Industrie et du Commerce à l'Éducation, terrain sensible de réformes. En fait, il s'agit plutôt d'un jeu de chaises musicales, s'appuyant sur les plus fidèles. Une nouveauté tout de même : le jeune et ambitieux David Miliband quitte les Affaires locales pour l'Environnement, un ministère de plus en plus important, vu l'attention électorale croissante que portent désormais David Cameron et ses conservateurs à l'écologie.Andrea Morawski, à Londre
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