Crispations américaines et européennes face aux nationalisations pétrolières

La vague de nationalisations totales ou partielles de l'industrie pétrolière qui balaie l'Amérique latine suscite de vives réactions de la part des États-Unis et de l'Europe. Après le Venezuela et la Bolivie, l'annulation par l'Équateur d'un contrat d'exploitation pétrolière avec la compagnie américaine Occidental Petroleum (Oxy) a provoqué l'ire de Washington. Le gouvernement américain a décidé hier de suspendre les négociations pour un accord de libre-échange avec l'Équateur.Accusant Oxy de vente illégale d'actions, le ministre équatorien de l'Énergie, Ivan Rodríguez, a annoncé mardi que "le contrat de participation pour l'exploration d'hydrocarbures et l'exploitation de pétrole brut" de la compagnie américaine était "caduc". L'entreprise américaine est accusée de violer la loi équatorienne en vendant 40 % de ses actions à la multinationale canadienne Encana, aujourd'hui propriété de l'entreprise chinoise Andes Petroleum, sans l'autorisation de l'État.Considérant cette décision comme "une saisie des avoirs d'une entreprise américaine", Washington a gelé les discussions "en vue d'un accord de libre-échange", a indiqué le porte-parole du représentant américain pour le Commerce, Rob Portman. Le regain de nationalisme de certains "est une réalité nouvelle", indiquait récemment le directeur général de Royal Dutch Shell, Jeroen Van der Veer. "Plus les prix du pétrole et du gaz augmentent, plus on pense en termes nationaux. C'est une réalité nouvelle. à la fin, les gouvernements sont toujours le patron", reconnaissait-il.La tension entre Washington et Caracas est encore montée d'un cran en début de semaine, après la décision des États-Unis d'interdire la vente d'armes et de matériel militaire au Venezuela, officiellement en raison de son manque de coopération dans la guerre contre le terrorisme. Le gouvernement vénézuélien a accusé les états-Unis de "préparer les conditions" d'une attaque contre le Venezuela. Le Venezuela a récemment obligé les entreprises pétrolières étrangères à s'associer à l'entreprise nationale PDVSA dans le cadre de joint-ventures. Exxon Mobile a refusé et a revendu sa participation à Repsol. En Bolivie, quelque 26 multinationales sont visées par le décret de nationalisation qui leur impose de remettre la propriété des gisements et l'exploitation à la compagnie publique YPFB. Le ministre espagnol de l'Économie, Pedro Solbes, a jugé mardi "inacceptable" le transfert "sans compensation" à l'État bolivien des actions de compagnies pétrolières gérées par les fonds de pension du BBVA et de Zurich Financial Service.Xavier HarelChavez veut renforcer l'OpepHugo Chavez est arrivé hier en Libye après s'être arrêté en Algérie. Le président vénézuélien, fervent partisan de l'Opep, entend renforcer le cartel à un moment où les deux pays s'ouvrent largement aux investisseurs étrangers. La Libye, qui vient de réintégrer le concert des nations, ouvre actuellement son domaine minier aux compagnies pétrolières étrangères, prenant le chemin inverse du Venezuela, pays fondateur de l'Opep. En Algérie, Hugo Chavez a exprimé le souhait de renforcer la coopération entre les deux pays, notamment dans le secteur de l'énergie et du gaz.
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