Moscou exige la "réciprocité" pour l'accès à ses gisements

Notre économie doit être ouverte et transparente au maximum." Le président russe était hier d'humeur très libérale lorsqu'il s'est adressé à un parterre d'investisseurs lors du 10e Forum économique international de Saint-Pétersbourg. Cherchant à rassurer la communauté d'affaires internationale à l'approche d'un sommet du G8 annoncé comme tendu, Vladimir Poutine a déclaré qu'il "est important que ne se créent pas des barrières injustifiées pour les investisseurs étrangers sous le prétexte d'assurer la sécurité nationale".C'est pourtant précisément l'impression qu'ont les grands groupes énergétiques occidentaux, qui malgré leurs incessantes tentatives pour prendre pied ou étendre leurs activités en Russie, se heurtent à des barrières administratives. Une loi en préparation vise à fermer tous les gisements significatifs (hydrocarbures, pierres précieuses et minerais) aux sociétés dont le capital n'est pas en majorité russe.Vague d'acquisitions. À l'inverse, les majors pétrolières russes rachètent régulièrement des actifs pétroliers en Europe de l'Est, en particulier des raffineries. Suivant sa stratégie visant à atteindre directement le consommateur final, le géant Gazprom, qui fournit déjà un quart des besoins gaziers de l'Europe, se prépare à une vague d'acquisitions en Europe. Sentant monter l'inquiétude des Occidentaux face à cette expansion, Vladimir Poutine a cherché à démontrer la symétrie des positions européennes et russes. Faisant référence aux gisements d'hydrocarbures, le chef d'État a souligné que pour avoir accès au "saint des saints de notre économie, nous demandons de la réciprocité" car, selon lui, les pays développés n'ont pas tous des règles transparentes pour les investisseurs russes. Les experts notent que les majors étrangères ne sont plus invitées en Russie que pour des projets arctique et offshore (Chtokman et Sakhaline), où Gazprom ne dispose ni des technologies ni du savoir-faire nécessaires.Très confiant dans l'attractivité de son pays, Vladimir Poutine a indiqué que la Russie avait reçu 112 milliards de dollars (89 milliards d'euros) d'investissements étrangers cumulés depuis la fin de l'URSS. Le président russe s'est félicité qu'en 2005 l'évasion de capital avait été pour la première fois en cinq ans surpassée par l'afflux de capitaux. "Cette année, les réserves fédérales pourraient dépasser en taille les dettes combinées du gouvernement et des sociétés privées russes", a-t-il ajouté, concluant fièrement : "Nous n'avons plus besoin de prêts étrangers."Emmanuel Grynszpan, à Moscou
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