L'Europe n'a pas réussi à sortir de sa léthargie

La monnaie unique a-t-elle tenu ses promesses ? Cinq ans après l'introduction de l'euro fiduciaire, huit ans après la fixation des parités, en 1999, les bénéfices de la monnaie unique ne se mesurent pas aisément. Les pays membres de l'Union européenne qui sont restés à l'écart, comme le Royaume-Uni ou la Suède, affichent de meilleures performances économiques.En fait, la zone euro est la région du monde qui connaît la plus faible croissance depuis 2002 derrière les États-Unis ou le Japon, sans même parler des pays émergents. La faute à l'euro ?C'est ce qu'affirment en choeur les deux principaux candidats à l'élection présidentielle française de même que le chef du gouvernement en fustigeant la politique de la Banque centrale européenne (BCE), transformée en bouc émissaire des contre-performances françaises. Voilà trois ans que l'Hexagone croît moins vite que la zone euro. La création de la monnaie unique a pourtant permis de mettre un coup d'arrêt aux dévaluations compétitives, de faciliter les échanges, mais surtout de réduire très significativement le coût du crédit pour l'ensemble des pays membres de la zone euro. Reste que l'euro demeure une monnaie sans gouvernement. " Aucun pays ne se préoccupe de la cohérence de sa politique avec celles menées par les autres ", résume Éric Heyer, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).POLITIQUES EN CAUSELa zone euro s'est révélée incapable de conduire une politique contracyclique après l'explosion de la bulle Internet au début de la décennie. Aux États-Unis, la Réserve fédérale n'a pas hésité à réduire de cinq points ses taux d'intérêt, à engager une politique budgétaire agressive et à laisser glisser le dollar. Dans la zone euro, les déficits budgétaires ne se sont creusés que de deux points tandis que la BCE ne réduisait son loyer de l'argent que de trois points. " Ce sont les gouvernements, pas la monnaie unique, qui expliquent les piètres performances de la zone euro ", estime Éric Heyer.La hausse de trois points de la TVA allemande au 1er janvier 2007, destinée à financer un allégement du coût du travail, en est l'illustration la plus récente et la plus flagrante. " C'est une dévaluation compétitive qui ne dit pas son nom ", explique Éric Heyer, puisque cela revient à financer la réduction des coûts de production par un renchérissement des importations. Le salaire réel par tête a reculé de 5 % depuis 2000 en Allemagne alors qu'il progressait de 9 % en France.Bref, l'euro n'est pas responsable des maux économiques de l'Europe. Il a en revanche constitué un facteur de dynamisme pour un pays comme l'Espagne qui a pu conjuguer, en 1999, le bénéfice d'une entrée de sa devise dans la monnaie unique à un cours compétitif et d'une politique monétaire extrêmement accommodante. Un bénéfice qui, toutefois, est en passe de partir en fumée : handicapée par une inflation élevée (3,6 % en 2006) et une médiocre productivité, la compétitivité espagnole est en chutelibre.
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