Nicolas Sarkozy jouera sa stature européenne cette année

Si, dans son adresse aux Français du 31 décembre, le chef de l'État n'a pas hésité à former le voeu que la France " montre la voie ", il s'est gardé toutefois d'anticiper un quelconque palmarès pour sa présidence de l'Union européenne au second semestre 2008. Pourtant, il ne sera pas facile à Nicolas Sarkozy d'échapper, dans douze mois, à un audit critique de son bilan. Son annonce solennelle d'un " retour de la France en Europe " comme son souci opiniâtre, depuis six mois, d'endosser un habit de leader et de faiseur d'accord dans chaque grande négociation européenne, telle celle du traité de Lisbonne, ont créé d'incontestables attentes. Or, la plupart des dossiers qui attendent les Vingt-Sept sont difficiles, voire explosifs, et la présidence slovène de l'Union au cours du premier semestre ne pourra que déblayer le terrain.Une douzaine de dossiers seront au coeur des débats européens en 2008. Deux vont s'imposer rapidement : d'une part, les ratifications du nouveau traité de Lisbonne et l'adoption des décisions permettant sa mise en oeuvre en 2009 ; d'autre part, la déclaration prévisible d'indépendance du Kosovo et ses conséquences dans les Balkans et au niveau international.LA QUESTION DU CLIMATTrois autres dossiers sont à l'agenda commun des deux présidences. Tout d'abord, l'intégration plus poussée des marchés européens de l'énergie qui mettra Paris en première ligne avec la question de la séparation patrimoniale des réseaux de distribution et des infrastructures de production. Ensuite, le climat avec les propositions attendues le 23 janvier pour mettre en musique les objectifs à l'horizon 2020 arrêtés par le Conseil européen en mars 2007 : réduction de 20 % des émissions de CO2 et de 20 % de la consommation grâce à une efficacité énergétique accrue ; relèvement de la part des renouvelables dans le mix énergétique à 20 % et de celle des biocarburants dans la consommation des véhicules à 10 %. Enfin, la stratégie de Lisbonne pour la croissance et le développement de la société de la connaissance dont la relance s'annonce assez difficile compte tenu de la dégradation de l'environnement économique, et donc budgétaire.À cet égard, les questions monétaires et la coordination des politiques économiques devraient constituer un dossier particulièrement épineux pour Nicolas Sarkozy si la situation budgétaire de la France au regard des critères de Maastricht, notamment le déficit public, venait à se dégrader. Le président de la République aura aussi à peser de tout son poids à l'échelle européenne et internationale en faveur d'un renforcement de la surveillance des marchés financiers dont Angela Merkel et Gordon Brown sont également demandeurs.UNE POLITIQUE COMMUNE D'IMMIGRATIONLe chef de l'État risque toutefois d'être particulièrement attendu sur les priorités " françaises " déjà esquissées : le développement d'une politique commune d'immigration légale, le renforcement de la politique européenne de défense et de sécurité dont il devra convaincre Gordon Brown, et le lancement du projet d'Union méditerranéenne pour lequel il a reçu le soutien de José Luis Zapatero et Romano Prodi. À cette liste viendront certainement s'ajouter des questions tout aussi sensibles comme les services publics ou la politique de défense commerciale commune face aux pays émergents.
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