La crise italienne menace les réformes

Ayant à peine redressé ses comptes publics, l'Italie s'enfonce dans l'instabilité politique pour au moins quelques mois. Le chef du gouvernement de gauche, Romano Prodi, ne devrait pas obtenir la confiance de la Chambre haute du Parlement, le Sénat, demain jeudi, le petit parti Udeur ayant quitté sa majorité. Ne disposant au Sénat que d'une majorité d'un seul siège, l'ancien Président de la Commission européenne a besoin impérativement du soutien des trois sénateurs de l'Udeur. Dès lors, Romano Prodi ne pourra plus que remettre sa démission, mettant fin à sa carrière politique, le maire de Rome, Walter Veltroni, devant mener la gauche aux prochaines élections.LA DROITE MONTE AU CRENEAUAprès de longues et multiples consultations de la vingtaine de partis politiques représentés au Parlement, le chef de l'État pourrait dissoudre le Parlement et donc convoquer des élections parlementaires anticipées dans les 70 jours, c'est-à-dire pour ce printemps. C'est ce que réclame l'opposition de droite autour de Silvio Berlusconi. Le magnat de la télévision peut espérer remporter cette fois-ci les élections : dans les derniers sondages publiés, son parti, Forza Italia, arriverait en tête avec 27 à 30 % des voix et jusqu'à 53 % avec ses alliés. Le principal parti de gauche constitué l'an dernier et dirigé par Walter Veltroni, le Parti démocrate, n'arrive qu'à 25-27 % des intentions de vote et à 45 % avec le reste de la gauche.Le retour de la droite au pouvoir aurait en tout cas déjà pour effet de rendre plus difficile la vente de la compagnie aérienne Alitalia à Air France-KLM, une bonne part de la droite étant opposée au plan de la compagnie française pour l'aéroport de Milan-Malpensa. Un gouvernement dit " technique " est le seul palliatif évoqué par les milieux politiques pour ajourner le retour aux urnes après à peine vingt mois de gestion de la gauche. D'éminents membres de la majorité de Prodi, comme le président de la Chambre des députés, Fausto Bertinotti (Refondation communiste), et le ministre des Affaires étrangères, Massimo D'Alema, plaident en ce sens, voulant éviter une victoire immédiate de Berlusconi dans les urnes. Pour la troisième économie de la zone euro, un gouvernement technique dirigé par des personnalités extérieures à la politique, à l'instar de l'actuel ministre des Finances, Tommaso Padoa-Schioppa, serait plutôt une aubaine, si l'on se fonde sur les rares précédents.Durant les années 1990, de tels cabinets, dirigés par Carlo Azeglio Ciampi ou Lamberto Dini, avaient aidé l'Italie à se qualifier pour l'euro, en réduisant la dépense publique, introduisant notamment une bonne réforme des retraites et un pacte de modération avec les partenaires sociaux. Mais, à l'époque, les partis politiques italiens étaient littéralement inexistants sous le coup du scandale de corruption Tangentopoli. Aujourd'hui, les partis bloqueraient un gouvernement de transition trop zélé.
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