La politique économique de l'Italie est paralysée jusqu'en avril

Troisième économie de la zone euro, l'Italie est condamnée par la crise politique en cours à au moins quatre mois de paralysie dans ses décisions de politique économique. Après la chute du gouvernement de gauche dirigé par Romano Prodi, deux scénarios de sortie de la vacance du pouvoir sont au centre des consultations qu'a engagées le président de la République, Giorgio Napolitano, et qui doivent se conclure demain soir mardi.Le chef de l'État italien peut choisir de dissoudre le Parlement et convoquera dans ce cas des élections parlementaires anticipées dans les 70 jours après cette dissolution. L'alternative est de confier à une personnalité impartiale la constitution d'un gouvernement de transition chargé surtout de confectionner une nouvelle loi électorale permettant d'obtenir dans les urnes une nette majorité au Sénat, dont l'absence a scellé jeudi le sort du cabinet Prodi. Ces deux scénarios impliquent qu'au mieux l'Italie disposera à partir de fin avril d'un gouvernement légitime apte à faire des choix difficiles de politique économique.Un gouvernement dit " technique ", sur le modèle de Ciampi ou Dini dans les années 1990, n'aura pas les coudées franches pour engager l'Italie dans des décisions avantageant ou pénalisant telle ou telle frange de l'électorat. Sans l'assentiment du parti de Silvio Berlusconi, Forza Italia, aucun gouvernement " technique " ne peut voir le jour. Et, une fois en place, il est exclu que ces " techniciens " provisoires puissent prendre des décisions qui déplairont au principal parti de gauche, le Parti démocrate, ou à Forza Italia. Contrairement aux années 1990, aucun parti n'a intérêt à déléguer à des personnalités extérieures le soin de gouverner. La mission de l'exécutif est de redistribuer aux Italiens une cagnotte fiscale estimée à environ 10 milliards d'euros, soit une série de mesures a priori populaires aptes à satisfaire la clientèle des partis. Romano Prodi avait promis, avant de chuter, qu'il baisserait les impôts. Les syndicats exigent des mesures en faveur du pouvoir d'achat des salariés. Tout cela est donc repoussé à un gouvernement issu d'élections.Or l'économie italienne aurait bien besoin de relancer la consommation des ménages. L'indicateur Isae de confiance des consommateurs italiens est tombé à son plus bas depuis août 2005. Tirée l'an dernier par les exportations, la croissance italienne aurait pu espérer compenser cette année par la demande intérieure le recul attendu des exportations, qui en décembre ont commencé à baisser, une première depuis l'automne 2004. La menace d'une récession aux États-Unis et ses effets potentiels sur le reste de l'économie mondiale ne laissent pas augurer une embellie du côté de l'export.RETOUR AUX URNESSilvio Berlusconi prend d'ailleurs prétexte de cette " économie qui va mal, la consommation qui s'est contractée ", pour demander des élections parlementaires immédiates, seules susceptibles de déboucher " sur un gouvernement ayant la vraie légitimité, issu du vote des Italiens, pour une cure revitalisant " l'Italie. Il devrait donc repousser demain mardi, lors de son audition avec le président de la République, la possibilité d'un gouvernement de transition. Comme lui, 61 % des Italiens préfèrent retourner immédiatement aux urnes plutôt qu'un cabinet de transition, selon un sondage de l'institut Ispo réalisé jeudi. Et dans ce cas, la droite remporterait le scrutin avec de 54,5 à 57,6 % des voix, selon six sondages différents récents, disposant ainsi d'une majorité décisive au Sénat de 11 à 35 sièges contre jadis seulement un siège de majorité pour le gouvernement Prodi.
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