La croissance économique dansle monde est-elle sérieusementmenacée ?Tout d'abord, il faut rappeler que la croissance ne souffre pas d'un déficit de la demande. C'est l'instabilité financière et le manque de confiance qui pèsent sur l'activité. En Europe, tous les pays ne suscitent pas d'égales inquiétudes sur le plan macroéconomique. En France, le déficit commercial pose problème car il donne une image inquiétante de l'appareil industriel. En Espagne, les interrogations tiennent à la nature de la croissance c'est-à-dire des activités sur lesquelles elle repose (immobilier notamment...). L'Italie souffre du recul de la compétitivité et de la dégradation de l'image de sa vie politique. La Grande-Bretagne voit son modèle du tout financier et du tout immobilier toucher ses limites. Son déficit courant a largement dépassé les 5 % du PIB. Même l'Allemagne, le poids lourd économique et commercial de l'Europe, suscite quelques inquiétudes car ses réformes jusqu'ici couronnées de succès se ralentissent.Que peut-on faire pour relancerl'activité ?La croissance ne se décrète pas. La récente proposition de Dominique Strauss-Kahn, qui a incité les pays disposant de marges de manoeuvre budgétaires à les utiliser pour stimuler l'activité, doit être comprise d'abord comme un appel à une meilleure coordination des politiques économiques au niveau européen ou international. En matière monétaire, l'absence de coordination des politiques des taux d'intérêt entre l'Europe et les États-Unis pose problème. En matière budgétaire, les États européens ne sont pas coordonnés et parfois même prennent des libertés par rapport aux engagements pris. En matière fiscale, les pays se sont lancés dans une concurrence. Bref, au lieu de se coordonner, ils se font concurrence. Cette question devient de plus en plus prégnante. C'est ainsi que l'on peut interpréter l'introduction en Allemagne de la TVA (sociale) qui a permis à Berlin de réduire - certes en partie seulement - le poids de la fiscalité sur le travail. En France, qui faisait un peu figure de dernier carré de résistance aux sirènes de la concurrence fiscale, l'introduction d'une TVA sociale de ce type est à présent un sujet qui revient régulièrement.Où peut conduire ce dumpingfiscal ?La concurrence fiscale pose la question des déterminants de la localisation des activités industrielles et des investissements internationaux qui sont de plus en plus fonction de la qualité des infrastructures d'un pays. Il convient donc à la fois d'avoir des prestations publiques de qualité et une fiscalité basse, ce qui est difficile.Comment résoudre ce manquede coordination des politiqueséconomiques ?Coordonner les politiques économiques ne signifie pas que tous les pays doivent faire la même chose au même moment, mais qu'ils doivent se fixer les mêmes objectifs etessayer de les atteindre de concert. Au-delà des questions strictement européennes, le G7 n'est plus le lieu où peut s'opérer cette coordination car les pays émergents n'y sont pas. Il y a urgence à inventer unnouveau système de gouvernance mondiale.

latribune.fr

26 Sept 2008, 2:38

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