L'Europe sans contrainte d'efficacité énergétique

Les ministres européens de l'Écologie ont entamé hier à Saint-Cloud, près de Paris, de difficiles négociations sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre de 20 % à l'horizon 2020. Ce sera " dur " , a observé d'emblée le ministre français, Jean-Louis Borloo. D'autant que le mix énergétique des pays de taille comparable est très différent, que la France et l'Allemagne par exemple divergent sur certains éléments centraux du dossier, tel le nucléaire. Comme par hasard, Nicolas Sarkozy a choisi le jour du coup d'envoi des négociations européennes sur le climat pour confirmer son intention de lancer la construction d'une deuxième centrale EPR en France, au grand dam des militants antinucléaires." Il existe des solutions plus efficaces ", martèle Greenpeace. Et de souligner que l'interdiction des ampoules à incandescence d'ici à 2010 permettrait à la France d'économiser une quantité d'électricité équivalente à ce que devrait produire le réacteur EPR. D'ailleurs, la maîtrise de la consommation est le parent pauvre des négociations européennes sur le climat. En effet, à la différence des objectifs de réduction de 20 % des émissions de gaz à effet de serre et de développement de 20 % des énergies renouvelables, celui de réduire de 20 % la consommation d'énergie ne revêt aucun caractère obligatoire.Pourtant, le commissaire européen à l'Énergie, Andris Piebalgs, avait présenté en octobre 2006 un plan d'action pour accroître l'efficacité énergétique dans l'Union européenne en suggérant que des efforts réels soient entrepris dans des secteurs qui consomment énormément d'énergie comme le bâtiment, le transport ou encore les équipements électriques. Sauf qu'il n'existe aucune réglementation juridiquement contraignante.Nicolas Sarkozy envisage de proposer, au nom de la présidence française de l'Union européenne, la réduction de la TVA à 5,5 % sur " tout ce qui est écologique ", notamment les immeubles HQE (haute qualité environnementale) et les voitures propres.ACTIONNER LE LEVIER FISCALL'ennui est que toute décision sur la fiscalité dans l'Union se prend à l'unanimité. D'ailleurs, le levier fiscal pourrait être actionné pour réaliser d'autres objectifs afin d'accroître l'efficacité énergétique de l'Union européenne, mais la règle de l'unanimité la paralyse.Selon la Commission de Bruxelles, 20 % d'économies d'énergie d'ici à 2020 représenteraient quelque 390 millions de tonnes équivalent pétrole. À près de 145 dollars le baril aujourd'hui, cela correspondrait à une somme non négligeable.Le G8 à la peine sur le climatSelon une étude réalisée par Ecofys pour le compte du fonds mondial pour la nature et la Banque Allianz, " aucun des principaux pays industrialisés n'est en passe de satisfaire les objectifs de réductions d'émissions [au moins 75 % entre 1990 et 2050] pour rester dans les limites d'un réchauffement limité à 2 °C ". Selon cette agence indépendante, la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne ont fait le plus de progrès en matière de réduction d'émissions de CO2 mais ces pays risquent de voir croître leurs niveaux d'émission dans les années à venir. Quant à la Russie, les États-Unis et le Canada, l'étude estime que les ambitions de Kyoto pour 2012 sont hors d'atteinte pour ces pays.
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