Le débat sur les biocarburants rebondit

Ils n'étaient pas explicitement prévus au menu du sommet du G8. Pourtant, les biocarburants vont provoquer des vagues dans les flots bleus qui baignent l'île d'Hokkaido. En route pour l'Archipel, le Premier ministre britannique, Gordon Brown, a annoncé au " Guardian" son intention de proposer un " moratoire sur certains biocarburants ", une initiative prise sur la foi d'un rapport commandé par son cabinet.Depuis des mois, le " pétrole vert " est accusé d'attiser la flambée des prix alimentaires qui affame les populations des pays pauvres. La proposition du Britannique ne sera pas du goût de son homologue américain, George Bush, dont le pays a fondé toute sa stratégie de sécurité énergétique et de lutte contre le réchauffement climatique sur les innovations technologiques, au premier rang desquelles les biocarburants. Mais un rapport confidentiel de la Banque mondiale, défloré par le quotidien " The Guardian ", dresse un réquisitoire sans appel : les biocarburants ont fait grimper les prix des denrées alimentaires de quelque 75 % depuis 2002, car ils entrent en compétition avec les cultures destinées à l'alimentation. Cette estimation, très contestée dans les milieux céréaliers qui préfèrent incriminer l'amélioration de l'alimentation des pays émergents ou la baisse des stocks de grains, contredit radicalement les données diffusées par les États-Unis. Ceux-ci chiffrent à seulement 3 % la responsabilité des biocarburants dans l'envol des prix alimentaires. L'OCDE évoquait 30 %. Au-delà de la querelle de chiffres, le discrédit est jeté sur l'énergie d'origine végétale. Depuis 2002, la hausse des prix d'un panier de denrées atteint 140 %. Les premières victimes sont les pays en développement, où les dépenses alimentaires obèrent le budget des ménages (65 % au Bangladesh). Entre 2005 et 2007, la pauvreté dans huit de ces pays s'est accrue de 3 % en moyenne. Et la poursuite probable de la flambée des prix pourrait bientôt précipiter 105 millions d'habitants supplémentaires dans la pauvreté, dont 30 millions en Afrique,MOT BANNI EN EUROPEEn bons politiques, les ministres de l'Énergie de l'Union européenne (UE), réunis à Saint-Cloud en fin de semaine dernière, ont passé à la trappe le mot " biocarburants ". L'objectif pris dans le cadre du paquet " énergie climat " de porter à 10 % la part des biocarburants dans la consommation des transports a été reformulé pour devenir 10 % d'énergies renouvelables.La flambée des prix mord sur les comptes" La hausse des prix des denrées alimentaires et des carburants a la capacité de générer de sérieux problèmes de balance des paiements ", prévenait le Fonds monétaire international (FMI) dans un récent rapport. Pour les 33 pays importateurs nets de denrées alimentaires éligibles aux programmes du FMI contre la pauvreté, l'impact de la hausse des prix alimentaires sur la balance des paiements entre janvier 2007 et avril 2008 est estimé à 0,5 % du PIB de 2007 (2,3 milliards de dollars). Et l'impact de la hausse des prix du pétrole sur les 59 pays importateurs nets d'or noir éligibles aux programmes du FMI est estimé à 2,2 % du PIB (35,8 milliards de dollars).
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