La vache sahélienne, le berger peul et le prix mondial du lait

Cela ne se sait pas, mais le Sahel est l'une des principales zones mondiales de production de protéines animales. Il approvisionne en viande, en lait et en beurre les zones de peuplement denses situées 300 kilomètres plus au sud ou au nord du Sahara. Dans les conditions actuelles, malheureusement, le Sahel produit le lait le plus cher du monde avec le bouvier le plus pauvre. Le berger peul obtient 1 litre de lait par jour de sa vache. Le fermier néerlandais, lui, en obtient 35.C'est Lionel Zinsou, directeur général du fonds d'investissement PAI Partners, qui a donné ces chiffres au cours des Rencontres économiques d'Aix-en-Provence, le week-end dernier. Le banquier d'affaires franco-béninois prolonge sa parabole africaine, moins éloignée qu'il n'y paraît des préoccupations générales. Les prix du lait ont doublé en dix-huit mois, les consommateurs français de yaourts ou de fromage s'en sont aperçus en bout de chaîne.ETROITESSE DU MARCHE DU LAITL'une des explications de cette hausse est l'étroitesse du marché mondial du lait. La plupart des grandes zones de consommation, Europe, Amérique du Nord, Amérique du Sud, produisent d'abord pour elles-mêmes : les échanges portent sur 10 % à peine de la production totale de lait. Quand la demande augmente, même faiblement, sur un marché aussi étroit, les prix flambent. Pour cette raison, il est vital d'augmenter la production de lait localement. " La population africaine va tripler d'ici à 2050 et ses besoins en protéines animales vont tripler également, prévient Lionel Zinsou. Cela fera 1,3 milliard de consomma teurs en plus, l'équivalent de la Chine. " Sachant que la demande chinoise est la cause de la flambée récente, la productivité de la vache sahélienne devient un enjeu plus tangible !Il est tout à fait possible de passer de 1 litre à 15 litres de lait par jour et de rendre au passage le berger peul dix fois plus riche. Mais, pour cela, il faut des trayeuses électriques et une chaîne du froid pour ne pas contaminer le lait, de l'électricité pour puiser l'eau, des efforts en nutrition et en soins vétérinaires. " La principale différence entre une vache sahélienne et une vache néerlandaise, c'est leur consommation d'énergie ", résume Lionel Zinsou. Qui l'eût cru ?
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