Relance : Gonzalez prend de court l'opposition

La page de la présidence communautaire tournée, l'Espagne s'est engagée à fond dans la campagne électorale en vue des élections législatives anticipées prévues pour le 3 mars. Scrutin de tous les dangers pour les socialistes, au pouvoir depuis quatorze ans, car les sondages donnent les conservateurs facilement gagnants. Le gouvernement a donc essayé de couper l'herbe sous le pied de son rival, le PP (Partido popular), en annonçant dès le week-end dernier une série de mesures de relance de la consommation liées à une politique de l'emploi. Le ministre des Finances Pierre Solbes a décrété juste avant les fêtes de fin d'année une diminution de cinq points de l'impôt sur l'achat des petites voitures, à condition que les entreprises renoncent en partie aux plan sociaux qu'elles avaient en préparation. Il avait déjà marqué des points en annonçant une augmentation de 3,5 % des salaires des fonctionnaires (gelés depuis quelques années). « C'est du plagiat. » Ce sont « des mesures d'hypocrisie électoraliste ». La contrariété est grande chez les dirigeants du PP, qui ont du coup du mal à se démarquer. Depuis quelques semaines, ils cherchaient à affiner le contenu d'un programme économique jusqu'alors assez flou, en affirmant qu'ils feraient de la création d'emplois l'axe principal de leur politique. L'Espagne détient le record du chômage dans l'Union européenne : il touche 22 % de la population active. Sur un autre grand thème de leur campagne, l'assainissement des finances publiques, les conservateurs ont aussi été pris de court. Le gouvernement de Felipe Gonzalez vient d'annoncer une réduction des dépenses publiques de 35 milliards de francs, afin de ramener le déficit budgétaire à 3,5 % du PIB en 1996. Difficile de critiquer pareille mesure. Sur la politique européenne, les nuances deviennent plus apparentes. Les dirigeants du PP se veulent tout aussi pro-européens que les socialistes, mais ils ne diraient pas non à un report du calendrier de la monnaie unique au-delà de 1999. « Nous regarderions d'un bon oeil le report [de cette échéance] à une date ultérieure », a déclaré à La Tribune un de ses porte-parle. Le PP est en effet « tout à fait opposé à une Europe à plusieurs vitesses », mais l'Espagne est en retard. « Nous sommes comme un mauvais élève qui a laissé tout le travail pour la fin. » La monnaie unique « ne doit pas être précipitée pour des raisons politiques », préconise encore le PP. La « convergence », disent les conservateurs, ne doit pas être de façade, elle doit être effective. L'Espagne y parviendra grâce aux grandes actions qu'ils préconisent par ailleurs. Il s'agit de la modernisation des infrastructures de base, de la déréglementation dans les grands secteurs (télécommunications, transports) et des encouragements au monde des affaires, au moyen allégements fiscaux et d'une forte diminution de la présence de l'Etat dans la vie économique. Blanca Riemer (Lire également page 9)
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.