Dini : sans baisse du chômage, pas de monnaie unique

L'Italie aura un travail très chargé à accomplir (...). Je ne doute pas que cette présidence soit à terme couronnée de succès. » Ce message de confiance adressé hier par Jacques Santer à l'issue de la réunion entre les membres de la Commission européenne et ceux du gouvernement de Lamberto Dini a dû mettre du baume au coeur au président du Conseil italien. 'Italie démarre son semestre à la tête de l'Union dans une situation politique critique. Le sort du gouvernement Dini sera fixé dans les jours qui viennent par le Parlement italien. Il doit décider s'il souhaite la formation d'un nouveau gouvernement d'union nationale, dont pourrait prendre la tête Dini pour mener à bien des réformes de grande envergure ou s'il est préférable d'organiser des élections législatives anticipées. Ce second scénario risquerait de peser sur l'agenda de la présidence italienne. Certes, ce n'est pas la première fois que l'Union est confrontée aux difficultés de politique intérieure d'un de ses Etats membres, au moment où celui-ci est appelé à piloter les affaires de l'Europe. Cette situation s'est même répétée ces derniers temps. Il y a deux ans, en janvier 1993, le Premier ministre danois de l'époque, Poul Schlüter, éclaboussé par un scandale, avait dû démissionner au lendemain du coup d'envoi de la présidence danoise. Le changement d'équipe qui a suivi n'a cependant pas eu de conséquences sur la vie communautaire. Les présidences allemande et française, respectivement au second semestre de 1994 et au premier semestre de 1995 ont, en revanche, connu quelques temps morts pour cause d'élections, les législatives en Allemagne et les présidentielles en France. Mais la présidence italienne intervient à un moment crucial pour l'Europe. Et la Commission espère que les difficultés internes de l'Italie ne briseront pas l'élan donné par le Conseil européen de Madrid en décembre. L'un des temps forts sera le lancement, le 29 mars à Turin, des négociations pour la révision du traité de Maastricht. « C'est une chance unique et historique pour dessiner l'architecture de l'Europe du XXIe siècle », a rappelé Jacques Santer. La poursuite des préparatifs de la phase finale de l'Union économique et monétaire et l'approfondissement des liens avec d'autres régions du monde - l'Europe de l'Est, l'Asie, les pays tiers méditerranéens, le Moyen-Orient - sans oublier la mise en oeuvre du plan de reconstruction de l'ex-Yougoslavie, s'ajoutent à ce menu copieux. Lamberto Dini veut également faire de la lutte contre le chômage l'une des grandes priorités de son programme. Rome souhaite, en particulier, relancer le programme des grands travaux pour le développement des réseaux transeuropéens de transports, de télécommunications et d'énergie au point mort, faute de financements suffisants. L'idée d'un grand emprunt communautaire, suggérée par Jacques Delors en 1993, pourrait à cette occasion refaire surface. Malgré les écueils, Lamberto Dini se veut volontariste. Il a même assuré qu'il présiderait lui-même toutes les réunions des ministres des Finances. SOLANGE VILLES, À ROME
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