Le gouvernement Erbakan attend son investiture parlementaire

Le gouvernement de coalition du leader islamiste Necmettin Erbakan s'apprête à prendre les rênes du pouvoir à Ankara. Mais ce n'est que le dimanche 7 juillet, voire en début de semaine prochaine, que le parlement turc pourrait accorder sa confiance à la nouvelle équipe gouvernementale. L'alliance entre le Parti de la juste voie de l'ex-Premier ministre Tansu Çiller et le Parti de la prospérité d'Erbakan apparaît sans doute à plus d'un observateur comme contre nature. Ces deux formations disposent pourtant de 290 députés sur les 550 que compte l'Assemblée nationale. Une marge suffisante, sur le papier, pour permettre au nouveau gouvernement d'être investi officiellement. « A moins que les parlementaires de la Juste Voie ne suivent pas les consignes de vote de leur chef ou continuent de quitter leur formation politique », remarque néanmoins un diplomate français à Ankara. Ainsi, deux ou trois représentants du parti de l'ex-Premier ministre ont déjà décidé de démissionner pour rejoindre la Grande Turquie, nouvelle formation de droite. Tansu Çiller, assurée d'obtenir le portefeuille des Affaires étrangères, entend rassurer certains députés de son groupe qui refusent toute alliance avec le Refah. Autre sujet de soulagement pour les Occidentaux, mais aussi pour les parlementaires libéraux dont font partie les députés d'Anap (132 sièges au parlement) de Mesut Yilmaz , le ministère de l'Economie et d'autres portefeuilles clefs reviennent à la formation politique de la Juste Voie. Ainsi canalisées entre les mains des partenaires de sa coalition, les velléités politiques de Necmettin Erbakan se trouvent contrariées. D'ailleurs, le leader islamiste ne tient plus publiquement les propos radicaux qu'il lançait pendant la campagne législative de décembre dernier. « Le ton est plus modéré sur l'Europe, sur les Etats-Unis, aussi. Erbakan peut politiquement se servir de son alliance avec la Juste Voie pour justifier en direction de son électorat les difficultés qu'il va connaître à appliquer son programme », analyse le diplomate français. Dans une semaine, des manoeuvres militaires conjointes des armées turque et israélienne devraient avoir lieu, alors que Süleyman Demirel, président turc, expliquait encore, hier, qu'« un changemnt de frontière avec l'Irak » est envisageable pour poursuivre les indépendantistes kurdes du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan). Le PKK vient de revendiquer, le week-end dernier, un attentat suicide dans le sud-est du pays qui a fait six morts dans la ville de Tünceli. La politique irakienne inquiète également Israël depuis la guerre du Golfe. La Turquie et l'Etat hébreux partagent, en outre, la même inquiétude commune envers l'Iran et la Syrie. Si Necmettin Erbakan ne devait pas renoncer à ces exercices militaires conjoints avec Israël, il serait intéressant de savoir comment le chef islamiste turc parviendra à justifier une telle décision aux yeux de ses 22% d'électeurs plus enclins à un rapprochement avec les nations arabes qu'avec l'Etat juif. Eric Revel
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