L'Espagne s'ouvre aux bureaux de placement privés

Le ministère espagnol du Travail a officiellement perdu depuis hier le monopole de l'intermédiation sur le marché du travail qu'il exerçait à travers l'Inem (Institut national pour l'emploi), avec l'entrée en vigueur de la loi ouvrant ce secteur aux bureaux de placement privés. La nouvelle législation avait été approuvée en mai. Le gouvernement a donné le feu vert en décembre à vingt-quatre agences sur la soixantaine qui avaient demandé l'autorisation de fonctionnement. Deux d'entre elles opéreront sur l'ensemble du territoire national, les autres au niveau régional ou local. La rupture du monopole de l'Inem constituait une nécessité admise par tous : actuellement, seuls 11 % des chômeurs qui trouvent un emploi le doivent à cet organisme. La flexibilisation du système apparaissait urgente dans un pays qui connaît le taux de chômage le plus élevé de l'Union européenne : 22,73 % de la population active. Mais le gouvernement socialiste s'est toutefois refusé à mettre en oeuvre une privatisation à marche forcéecomme le préconise l'opposition conservatrice. Les nouvelles agences de placement seront soumises à de sévères limitations : l'autorisation leur sera accordée pour une durée initiale d'un an (renouvelable après réalisation d'un audit de leurs activités), la sous-traitance leur sera interdite, et surtout elles ne devront pas avoir de caractère lucratif. Ce qui signifie qu'elles ne seront autorisées à percevoir que le coût de fonctionnement de leurs services. Faute de quoi l'autorisation leur sera retirée. Cette dernière limitation explique que les promoteurs des agences de placement déjà autorisées à fonctionner soient tous de caractère parapublic ou collectif : trois agences ont été créées par des gouvernements autonomes (Pays basque, Galice et Valence), cinq par des administrations locales, quatre par des collèges professionnels et le reste par des fondations ou organisations non gouvernementales. S'adapter aux particularismes locaux Tandis que le patronat dénonce ces limitations, les syndicats ne croient guère à leur efficacité et affirment que la précarisation de l'emploi, qui est déjà la plus élevée de l'Union européenne (35 % des contrats de travail sont de caractère non fixe), s'en trouvera encore renforcée. Du côté du gouvernement, on affirme qu'il s'agit de « régionaliser » davantage l'activité de recherche d'emplois afin de la rendre plus adaptée aux fluctuations des situations locales, et donc plus efficace. Quant à l'Inem, il se spécialisera désormais dans la recherche d'emplois pour les collectifs de chômeurs considérés comme les plus problématiques : ceux de longue durée et ceux de plus de quarante-cinq ans. Les responsables de l'Institut espèrent que l'entrée en fonctionnement des nouvelles agences de placement leur permettra de dégager davantage de temps afin de se consacrer de manière plus personnalisée aux cas les plus difficiles. Thierry Maliniak, à Madrid
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