La Banque d'Angleterre resserre le crédit pour « refroidir » l'économie

Pour la troisième fois depuis l'arrivée du gouvernement travailliste au pouvoir (1er mai 1997), et pour la seconde fois depuis son indépendance acquise sur la conduite de la politique monétaire, la Banque d'Angleterre a relevé son taux de base d'un quart de point hier, le portant ainsi à 6,75 %. Cette décision n'a surpris personne, tant elle était attendue. En fait, la Banque d'Angleterre se devait d'agir, la politique budgétaire n'ayant pas encore été suffisamment mise à contribution pour réfréner les ardeurs de la demande interne et contraindre les pressions inflationnistes. Surchauffe de l'économie. Le communiqué publié par le Comité de la politique monétaire est d'ailleurs sans équivoque : « Les effets conjugués des nouvelles mesures budgétaires et de la vigueur du sterling [qui diminue les risques d'inflation importée] ne sont pas assez restrictifs pour que les conditions d'une croissance non inflationniste soient créées sans un autre relèvement des taux d'intérêt ». A l'appui de ce diagnostic, le chiffre de l'inflation publié en début de semaine : en juin, l'inflation (hors prêts hypothécaires) a enregistré une croissance de 0,4 %, ce qui produit un taux de 2,7 % en base annuelle (contre 2,5 % en mai, objectif fixé par le gouvernement), du jamais vu depuis janvier 1996. Ce chiffre n'a fait que confirmer une évidence : la surchauffe de l'économie, via la demande interne (particulièrement dans le secteur des services), illustrée aussi bien par la consommation (en mai, la progression des ventes au détail a atteint son plus haut niveau depuis 1988, à 5,3 % en base annuelle) que par la hausse des prix de l'immobilier (+ 11 % sur l'année), la progression des revenus moyens des ménages (+ 4,6 % prévus en 1997), ou encore la forte augmentation des crédits accordés par les établissements bancaires. Le « boom » de la consommation type années 80 referait- il surface ? Ce qui est sûr, c'est que la plupart des économistes ont révisé à la hausse leurs prévisions pour les dépenses de consommation, les portant de 4 % à 4,5 % en 1997 (prévisions du gouvernement) et de 3 % à 3,5 % en 1998 (le gouvernement prévoit 4 %). Déséquilibres. Reste que la position de la Banque d'Angleterre n'est pas si confortable qu'il n'y paraît. La croissance est robuste, mais ne touche pas tous les secteurs. Les services paradent et tirent l'activité, mais la production industrielle, particulièrement affectée par la hausse du sterling (+ 18 % depuis août), montre profil bas. En mai, la production industrielle a ainsi enregistré une baisse de 0,9 % par rapport à avril, la production manufacturière reculant pour sa part de 1,1 %, sa plus forte baisse mensuelle depuis quatre ans. Relever les taux d'intérêt ne fait donc qu'alimenter un renchérissement de la devise générateur de déséquilibres, puisque le secteur des services, pourtant responsable de la surchauffe de l'économie, est moins affecté (les services sont moins exposés à la concurrence extérieure) que le secteur industriel. « Le danger , explique un analyste, « c'est que la Banque d'Angleterre sur-réagisse, en partie pour asseoir sa crédibilité dans la lutte contre l'inflation. Il y a de fortes chances pour que l'économie britannique modère ses ardeurs d'ici à la fin de l'année et en 1998 (les prévisions du gouvernement tablent sur une croissance du PIB de 3,25 % en 1997 et 2,5 % en 1998) ». A en croire les prévisions des économistes, les taux d'intérêt devront toutefois encore grimper : le pic ne se situerait plus à 7 %, mais à 7,25 %, voire 7,5 % d'ici au printemps... date à laquelle Gordon Brown délivrera son deuxième budget. Nava Dahan, à Londres (Lire également en
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