ASIE + La Thaïlande en quête de financements internationaux

Après avoir dévalué sa monnaie, le 2 juillet, la Thaïlande cherche maintenant à résoudre sa crise de liquidité en empruntant sur les marchés internationaux. Poosana Premanoch, vice-secrétaire général auprès du Premier ministre, a annoncé que le gouvernement entendait lever 10 milliards de dollars, moitié par emprunt auprès des institutions étrangères, moitié par émission d'obligations. « Nous étudions les perspectives, nos besoins et les conditions du marché mais aucune décision n'a été prise », a déclaré un responsable du gouvernement. Selon le ministre des Finances, des institutions étrangères se sont déjà proposées pour prêter 5 milliards de dollars. Cette annonce sans précédent suscite des inquiétudes et beaucoup de questions. La dette étrangère s'élève à 90 milliards de dollars (58 % du PIB), dont quelque 20 milliards pour le secteur public. Un nouvel emprunt de 10 milliards conduirait donc à une hausse de la dette publique extérieure de 50 %. « Cela équivaut à creuser le trou de la dette en imprimant de la monnaie, c'est suicidaire », déclare un économiste chez un courtier étranger. Eviter les faillites. C'est surtout l'utilisation de cet argent qui inquiète. Selon diverses sources, une partie servirait à renforcer les réserves de change qui, après les attaques sur le baht à la mi-mai, sont tombées officiellement à 33,3 milliards de dollars. Selon les estimations, elles pourraient atteindre aujourd'hui entre 15 et 26 milliards seulement. Beaucoup d'observateurs craignent que le reste des emprunts ne servent à injecter des fonds dans des entreprises en crise et à renflouer le secteur financier. En outre, le gouvernement, qui souhaite éviter des faillites en chaîne, doit aussi, impérativement, conduire une baisse des taux, corollaire indispensable de la dévaluation, pour doper l'économie sans faire fuir les capitaux étrangers. Les Japonais à la rescousse. Reste à savoir à quel taux la Thaïlande va emprunter. Jusqu'ici plutôt bien notée par les agences de rating, elle risque de subir dans les mois qui viennent de nouvelles dégradations si son endettement s'accroît trop. D'où l'idée d'un sauvetage financier de type mexicain sous l'égide du FMI. Mais le porte-parole de la banque centrale a précisé que le pays ne recherchait pas de crédit ou d'assistance financière de la part du Fonds monétaire. Des représentants de l'organisme international sont actuellement à Bangkok pour aider à gérer les mécanismes de change. L'aide pourrait également provenir de prêteurs régionaux, plus coopératifs peut-être, notamment les Japonais, qui sont déjà les premiers prêteurs et investisseurs directs en Thaïlande et ont tout intérêt à ce que la situation s'améliore. Le ministre des Finances Thanong Bidaya doit d'ailleurs se rendre à Tokyo la semaine prochaine. Hélène Vissière, à Bangkok
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.