Aznar veut privatiser toutes les entreprises publiques rentables

Le nouveau gouvernement conservateur espagnol va privatiser toutes les entreprises publiques rentables des secteurs industriels et financiers. C'est ce qui ressort en substance du « Plan de modernisation du secteur public » présenté vendredi à l'issue du Conseil des ministres du nouveau gouvernement de José Maria Aznar par le titulaire de l'Industrie, Josep Piqué. Un plan qui se traduira notamment par la disparition du holding Teneo, créé en 1992 par les socialistes et regroupant toutes les entreprises publiques qui ne sont pas structurellement déficitaires. Les actifs et le passif de Teneo, qui génère 3 % du PIB espagnol et 8,4 % de l'investissement national, passeront aux mains d'une des trois sociétés de portefeuille chargées désormais d'appliquer la stratégie de privatisation. Les entreprises publiques seront réparties en quatre groupes. Le premier inclura celles immédiatement privatisables, comme Telefonica, Repsol (pétrole), le groupe bancaire Argentaria ou Tabacalera. Le deuxième comprendra les entreprises de secteurs qui doivent être libéralisés avant que l'Etat ne procède à leur privatisation. Il s'agit principalement de celles d'énergie électrique (notamment le « géant » Endesa, dont la vente s'annonce comme la plus lucrative de toutes). Le troisième groupe inclura les entreprises qui devront achever leur reconversion avant d'être mises en vente, comme la compagnie aérienne Iberia. Enfin le quatrième comprendra les entreprises dont la privatisation n'est pour le moment pas envisagée dans la mesure où elles sont structurellement en déficit et dépendent des subventions de l'Etat : sidérurgie, chantiers navals et mines de charbon. Josep Piqué a précisé que le gouvernement ne prévoyait pas leur fermeture, mais bien la réduction progressive des aides de l'Etat. Le ministre a assuré que le gouvernement favoriserait, moyennant décotes, la vente d'actions aux travailleurs des entreprises privatisées. La modalité retenue sera en général celle de l'offre publique de vente plutôt que la vente de gré à gré. Josep Piqué a assuré que le gouvernement ne mettrait pas en oeuvre de « politique active » de noyaux durs. Il tentait de rassure ainsi ceux qui craignent que les privatisations ne se traduisent par une concentration de pouvoir aux mains de quelques grandes banques, déjà à la base des noyaux durs formés dans les entreprises partiellement privatisées par le gouvernement antérieur. Le ministre s'est refusé à dévoiler le calendrier des mises en vente ou à préciser le montant des recettes attendues, tout en évaluant à près de 3.000 milliards de pesetas (122,4 milliards de francs) la valeur actuelle du total des participations industrielles et financières du secteur public. Josep Piqué a assuré que le produit des ventes réalisées par l'Etat servirait à réduire le stock de dette publique et non à alimenter les dépenses courantes. Thierry Maliniak, à Madrid
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