Portugal : le socialiste Jorge Sampaio part favori

Après avoir changé de gouvernement en octobre, les Portugais vont élire dimanche leur nouveau président de la République, fonction assurée depuis dix ans par le socialiste Mario Soares. Les deux candidats à sa succession sont l'ancien Premier ministre (1985-1995) de centre droit, Anibal Cavaco Silva, et le maire socialiste de Lisbonne, Jorge Sampaio. Ce dernier est donné largement vainqueur par les sondages, avec jusqu'à dix points d'avance. L'écart entre les deux candidats a certes diminué récemment, mais pas au point de bouleverser les pronostics. Si Jorge Sampaio l'emporte, le Portugal, qui a longtemps vécu sous un régime de cohabitation, aura pour la première fois un Premier ministre, Antonio Guterres, et un président socialistes. Bien que ses pouvoirs soient moindres qu'en France, le président de la République dispose d'une réelle force de blocage : il nomme le Premier ministre, peut dissoudre le Parlement et compliquer l'action du gouvernement en mettant son veto à certaines lois. Pour éviter qu'une telle force ne se retourne contre lui en la personne d'Anibal Cavaco Silva, Antonio Guterres a pris toutes les précautions possibles. Depuis sa nomination, son gouvernement n'a agi qu'en demi-teinte, dans l'intérêt évident de Jorge Sampaio. Les seules mesures concrètes prises à ce jour, comme la suppression de certains péages autoroutiers, ont été qualifiées de démagogiques par l'opposition. Les décisions importantes reportées après l'élection Concernant les augmentations salariales pour cette année, l'actuelle négociation de l'accord social a certes obligé le gouvernement à avancer une proposition de 4,5 % (basée sur une prévision d'inflation de 3,5 %), mais les syndicats viennent de la rejeter. Pour le reste, le gouvernement a entretenu, de façon délibérée semble-t-il, une sorte de flou. Sa politique budgétaire, par exemple, visant à réduire le déficit de 5,6 % du PIB en 1995 à 4,3 % en 1996 et 3 % en 1997, n'a pas été clarifiée. Aucune information n'a filtré sur le calendrier des vingt-deux privatisations qui devraient être accomplies entre 1996 et 1997. Or celles-ci, grâce à des recettes estimées à 23 milliards de francs, doivent jouer un rôle essentiel dans la réduction de la dette publique, actuellement de 70 % du PIB contre les 60 % prévus par Maastricht. « Se retranchant derrière l'étude des dossiers laissés par le gouvernement précédent, les ministres ont reporté la plupart des décisions importantes après la présidentielle », explique un analyste politique. L'élection de Jorge Sampaio dimanche, un avocat de cinquante-sept ans qui fut un opposant à Salazar, est donc considérée comme primordiale par les socialistes pour l'émergence d'un nouveau cycle politique. Mais le président que les Portugais choisiront dimanche sera, avant tout, le successeur de Mario Soares. Héros de la révolution des OEillets d'avril 1974, Mario Soares, soixante-douze ans, l'emporterait largement si la Constitution l'autorisait à briguer un troisième mandat. Un sondage le créditait récemment de 70 % d'opinions favorables ! Armand Chauvel, à Lisbonne
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