Fortis Holding suspendu au verdict de ses actionnaires

Derrière ses élégantes lunettes rondes, Karel de Boeck, l'administrateur délégué du groupe Fortis, n'a ni l'allure ni probablement la vocation d'un pénitent. Et pourtant, il porte sa croix. Après deux assemblées générales plus que houleuses en février et décembre, où il a essuyé sifflets et insultes, il espérait aborder plus sereinement son prochain rendez-vous avec les actionnaires les 8 et 9 avril à Utrecht et Bruxelles. Ils sont alors invités à sceller la vente de Fortis Bank et de 25 % de Fortis Assurances à BNP Paribas (BNPP).Il n'en sera rien. Un arrêt rendu hier par la cour d'appel de Bruxelles oblige en effet Fortis Holding à revoir le périmètre des actionnaires habilités à se prononcer. Pour ce qui concerne l'opération avec BNPP, seuls les actionnaires au 14 octobre pourront voter, ce qui oblige les dépositaires de titre à remettre l'ouvrage sur le métier à dix jours de l'événement. Ping An n'a pas décid髠C'est leur droit mais ils prennent les autres actionnaires en otage », a commenté hier l'administrateur délégué du groupe au sujet des minoritaires à l'origine de cette procédure. La direction n'envisagerait cependant pas de retarder ce rendez-vous en dépit de « problèmes » d'organisation.Malgré ce nouveau soubresaut, on s'attend à ce que les actionnaires disent finalement majoritairement « oui » à BNPP, une partie des minoritaires s'étant ralliée à l'accord renégocié depuis la précédente assemblée. Ces dernières semaines, l'assureur chinois Ping An, qui détient le plus important paquet d'actions avec 5 % des titres, a pour sa part assommé la direction de questions « très pertinentes », mais « n'a pas encore fait connaître sa décision », a reconnu, hier, Karel de Boeck.Si le démantèlement du holding est finalement approuvé, Fortis s'appellera (temporairement) toujours Fortis mais n'aura plus grand-chose à voir avec ce qu'il était il y a un an. La marque ayant été cédée à BNPP, le holding a deux ans de sursis pour se trouver un nouveau nom. Son bilan a été divisé par près de dix, de 871 milliards d'euros à 93 milliards, entre fin 2007 et fin 2008. Les capitaux propres ont fondu de 33 à 6,7 milliards. Les pertes en 2008 s'élèvent à 28 milliards d'euros, « dont 27,4 » au titre des « activités abandonnées », autrement dit les activités bancaires. Il y a quelques semaines, le holding tablait encore sur 22,5 milliards d'euros de pertes.Karel de Boeck a tenté hier, à la faveur de la présentation des résultats 2008, d'esquisser les contours du futur nouveau groupe mais s'est abstenu de formuler des choix stratégiques. La branche vie de l'assureur a été sévèrement affectée par les événements et affiche une baisse de la collecte brute de 22 % sur un an. Mais le groupe dispose, selon les résultats pro forma qui seront confirmés courant avril, de 3,3 milliards de liquidité.Devenu pur assureur, Fortis Holding restera enfin étroitement lié à BNPP qui aura deux administrateurs au conseil de Fortis Insurance Belgium dont elle détient 25 %. Par ailleurs, le réseau Fortis Bank continuera à distribuer les produits d'assurance au moins jusqu'en 2020.
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