Eurazeo et Wendel comptent leurs pertes après le tumulte de l'année 2008

Il y a tout juste un an, Eurazeo et Wendel annonçaient leurs résultats annuels 2007. Le premier publiait un bénéfice de 911 millions d'euros tandis que le second le talonnait, à 879 millions. Douze mois et une crise financière plus tard, les deux sociétés d'investissement ne sont plus au coude-à-coude. Wendel a pris l'avantage, avec un résultat net de 158 millions d'euros, certes en recul de 82 % mais au moins positif, contrairement à Eurazeo (? 61 millions d'euros en 2008). Mais à y regarder de plus près, la réalité est beaucoup plus nuancée.Eurazeo n'a pas de detteS'agissant du niveau d'endettement, d'abord. Là, c'est le choc des cultures. La situation d'Eurazeo, qui ne supporte aucune dette, est confortable. En revanche, l'endettement de Wendel est colossal. Il représente 3,01 milliards d'euros, dont 2,7 milliards de dette obligataire. Ce fossé entre les deux sociétés tient à leur stratégie d'investissement menée ces dernières années : Wendel s'endettait pour injecter du capital dans ses montages LBO (rachat par effet de levier), alors qu'Eurazeo le sortait en grande partie directement de sa trésorerie.Outre la situation financière tendue dans laquelle il place Wendel, ce fort endettement a aussi un effet négatif sur son actif net réévalué (estimation des capitaux propres, ANR). En mars, il s'établit ainsi à 22 euros par action chez Wendel, contre 113 euros un an plus tôt. L'ANR d'Eurazeo a également chuté mais dans une moindre mesure, d'une fourchette située entre 98 et 107 euros en 2007 d'après les analystes à 44,6 euros.Finalement, le seul avantage que cette stratégie de recours à la dette procure à Wendel est un niveau de trésorerie très élevé, de l'ordre de 1,87 milliard d'euros, dont 1 milliard disponible immédiatement. De son côté, Eurazeo dispose de 1,6 milliard d'euros, mais seuls 235 millions sont mobilisables immédiatement. Et encore, si l'on ignore le fait que, sur ces 235 millions d'euros, 187 millions sont actuellement apportés en garantie pour compenser des effets de marché. Enfin, les deux sociétés sont revenues avec insistance sur le « non-événement » que constitue la rupture de leurs ratios d'endettement (covenants) pour leurs participations. En effet, aucune de leurs entreprises n'a franchi ces seuils.Tout bien pesé, Eurazeo dispose d'un avantage incontestable : la stabilité de sa gouvernance. Son président du directoire, Patrick Sayer, semble autrement plus tranquille que ne l'était son alter ego de Wendel, Jean-Bernard Lafonta, avant qu'il ne démissionne la semaine dernière. Alexandre Madde
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