Les PME brésiliennes sont menacées d'asphyxie

À 26 ans, Fernanda fait partie d'une communauté qui s'est beaucoup élargie pendant le boom économique?: les « petits patrons ». Commerces de proximité, entreprises de prestations de services, fast-food?: selon Joseph Couri, le président du Syndicat des petites entreprises de l'État de São Paulo (Simpi), « le Brésil compte 16 millions de micro et petites entreprises générant 60 % des emplois et contribuant à un quart du PIB ». Fernanda s'occupe ainsi d'une boutique dans un centre commercial de São Paulo, proposant des fripes et des bibelots. Des produits branchés qui se vendaient comme des petits pains jusqu'en décembre. Puis les choses se sont gâtées. « En mars, mes ventes devraient être de 12.000 réis (3.900 euros), contre 22.000 réis par mois avant la crise », soupire-t-elle. Une catégorie d'acheteurs s'est en effet évaporée?: ceux qui payaient avec des cartes bancaires, moyennant un crédit à la consommation. « La moitié de mes clients étaient dans ce cas », explique Fernanda. Les petits patrons sont donc les premiers à se faire du souci, alors que de mauvais chiffres pleuvent. moins de dépensesDepuis novembre, 780.000 emplois ont été détruits. Le dernier trimestre 2008 a été désastreux, avec un recul de l'activité de 3,6 %. « Fin 2008, nous pensions encore que le marché interne garantirait une évolution positive de l'économie », constate Silvio Campos Neto, économiste à la banque Schahin. Ce n'est plus le cas. La raréfaction du crédit a fini par contaminer toute l'économie, y compris les petites entreprises. Comme l'explique Marcel Solimeo, chef du département économique de l'Association commerciale de São Paulo, « à partir d'octobre, les grandes entreprises se sont mises à rechercher du crédit non plus à l'étranger, mais sur le marché intérieur. Du coup, l'accès au crédit local est devenu plus difficile pour les petites banques. Or, elles finançaient principalement l'achat de matériaux de construction ou de voitures, ainsi que le crédit à la consommation ». Les Brésiliens se montrent aujourd'hui moins dépensiers. Les petits patrons se demandent combien de temps ils pourront tenir le coup, surtout que la bureaucratie, sous le gouvernement Lula, n'a pas diminué, bien au contraire. « Les petites entreprises sont massacrées par le fisc, qui les traite de la même manière que les grandes », déplore ainsi Joseph Couri.Yann Le Houelleur, à São Paulo
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