Le marché des changes vote massivement pour le yen

devisesLe triomphe électoral de l'opposition japonaise, après cinquante-quatre ans de règne du Parti libéral-démocrate, a été salué par le marché des changes, las des deux années de quasi-vacance du pouvoir traversées par la deuxième puissance économique mondiale. Le yen s'est propulsé à ses niveaux les plus élevés depuis cinq semaines face à l'euro et sept semaines vis-à-vis du dollar, se hissant jusqu'à respectivement 132,15 et 92,55. Cet envol, qui rapproche la monnaie nipponne de son point haut de treize ans atteint en janvier dernier face au dollar à 87,99, constitue néanmoins un cadeau empoisonné pour le Parti démocrate. Certes, il « reflète l'optimisme » entourant la nouvelle donne japonaise, jugent les stratèges de Barclays Capital, mais une monnaie forte n'a jamais été du goût des responsables japonais car elle met en péril ce qu'ils ont de plus précieux : l'inoxydable dynamique des exportations de l'archipel. Au début de l'année, lorsque le yen commençait à s'enflammer, le marché des changes bruissait d'ailleurs de rumeurs d'interventions prochaines de la Banque du Japon, qui agit en l'occurrence sous la houlette du ministère des Finances, pour tenter de conjurer cette montée en puissance. Le yen fort a un autre désagrément majeur : il entretient une corrélation inverse de longue date avec le marché boursier, qui s'est encore concrétisée hier. La montée du yen est allée de pair avec un retournement de tendance à la Bourse de Tokyo, qui a terminé la première séance post-électorale en baisse (voir ci-dessous).diversifier les réservesLa pérennité de la vigueur de la monnaie de l'empire du Soleil-Levant, qui a trop souvent défié les lois de la gravitation, n'est toutefois pas inscrite dans le marbre. Son avenir sera intimement lié à la politique de change que conduiront les équipes du nouveau ministre des Finances, traditionnellement hyperactif dans ce domaine. Pour l'heure, peu d'informations ont filtré, si ce n'est une déclaration qui ne refléterait pas la position officielle des nouveaux dirigeants. C'est celle de Masaharu Nakagawa, porte-parole du Parti démocrate en matière financière, qui a indiqué, entre autres prises de positions sujettes à caution, que le Japon souhaitait diversifier ses réserves de changes de quelque 1.000 milliards de dollars, les deuxièmes plus importantes du monde après celles de la Chine, en réduisant la part du billet vert. Quant à l'engagement pris par le Parti démocrate de respecter l'indépendance de la Banque du Japon, si souvent controversée par le PLD, il impliquerait qu'elle ne soit pas sollicitée pour affaiblir le yen, prolongeant cinq ans de non-interventionnisme sur le marché des changes. Ce pourrait bien être le cas si Hirohisa Fujii, 77 ans, dont le nom circulait de façon insistante lundi pour occuper le poste, est effectivement nommé ministre des Finances. Selon lui, les taux de change sont le reflet des fondamentaux économiques et « à moins de mouvements anormaux, il n'est pas souhaitable d'intervenir sur le marché des changes ». n
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