La libéralisation de la Libye encore entre parenthèses

moyen-orientAlors que le colonel Kadhafi célèbre aujourd'hui son arrivée au pouvoir il y a quarante ans, la libéralisation économique et politique espérée de la Libye a fait long feu. Cinq ans après la levée des sanctions internationales à l'encontre de Tripoli, « la normalisation de politique étrangère n'a pas pu résoudre la plupart des problèmes structurels notoires socio-économiques, comme le chômage élevé des jeunes, ou la corruption inhérente au système et le manque de légitimité et d'efficacité des processus politiques confus », résume Isabelle Werenfels, chercheur au Centre allemand pour les questions internationales (SWP), à Berlin. La « Grande Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste » peine à sortir de sa « monoculture » de l'extraction d'hydrocarbures (pétrole et gaz). « Compte tenu des recettes pétrolières élevées, des importantes réserves en devises et d'une population assez modeste [6,3 millions d'habitants, Ndlr], la Libye devrait ressembler à Dubaï, indiquent souvent les jeunes Libyens, si l'argent ne disparaissait pas dans les poches des élites corrompues », explique Isabelle Werenfels.un marché convoitéLes vraies réformes n'ont effectivement pas été mises en ?uvre. Certes, le secteur bancaire a connu un début de privatisation : BNP Paribas est ainsi entré en 2007 au capital de la Banque du Sahara, le deuxième établissement du pays. « On assiste à une transformation : le système né de la révolution, corrompu par des comportements parfois mafieux, a été rendu plus acceptable et rationnel, sans pour autant remettre en cause sa gestion politique. En effet, l'objectif des autorités n'est pas de libéraliser le pays, mais de le rendre plus accessible et attrayant, surtout pour les investisseurs étrangers », explique Luis Martinez, directeur de recherches au Ceri, dans un entretien au quotidien « Riformista ».Dans la lutte entre les réformateurs menés par Saif al-Islam, 37 ans, le fils du colonel Kadhafi, et la « vieille garde » conservatrice, les premiers semblent marquer le pas. Saif al-Islam a annoncé l'an dernier son retrait de la politique et, en mars, le remaniement ministériel a mis à l'écart des réformateurs. Tout se jouera lors de la succession du colonel Kadhafi, âgé de 67 ans, qui commémore aujourd'hui le 40e anniversaire de son arrivée au pouvoir, en présence, côté français, du secrétaire d'État à la Coopération, Alain Joyandet. « La Libye est un marché prometteur et riche : parlons de l'avenir », vient de déclarer Saif al-Islam, à la suite de la polémique sur l'auteur de l'attentat de Lockerbie. Histoire de se remettre en selle.Frank Paul Webe
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