« Il faut que les prix de l'électricité restent élevés »

marie-caroline lopez «?La Tribune?»?: Sentez-vous une pression politique pour geler, voire baisser les tarifs d'électricité??Charles Beigdeder?: Pas du tout. Au contraire, il me semble que les gouvernements commencent à comprendre que l'énergie étant de plus en plus rare, il est normal qu'elle soit de plus en plus chère. Même les partisans d'une maîtrise politique des tarifs entament leur mutation idéologique, y compris en France. Gouvernements et consommateurs prennent progressivement conscience que la maîtrise de l'énergie est le défi du XXIe siècle. À la fois pour lutter contre le réchauffement climatique et pour des raisons d'indépendance énergétique. Pour changer les comportements, il faut un bon signal prix. À l'instar de ce qui s'est passé pour le tabac. Pour inciter les particuliers à investir dans des équipements coûteux d'isolation ou de chauffage plus efficace, il ne faut surtout pas que le prix de l'énergie baisse.Les gestionnaires du transport et de la distribution de l'électricité en France demandent une hausse de 10 % du Turpe (tarif d'utilisation des réseaux publics d'électricité). Qu'en pensez-vous??CB?: Il est très important pour tous les opérateurs que ce relèvement du Turpe, qui semble légitime au regard des besoins d'investissements, s'accompagne d'une hausse équivalente du tarif régulé de vente. Sinon notre marge déjà faible (10 % de marge brute) serait attaquée. Cette hausse devrait être lissée sur trois ou quatre ans. Elle se traduirait par une hausse de 5% de la facture d'électricité des particuliers. Malgré cela, cette facture peut baisser si leur consommation baisse. Le gouvernement peut les y aider par de nouvelles normes d'efficacité énergétique, des prêts à taux zéro et des crédits d'impôts sur les équipements moins gourmands.Vous avez été auditionné par la commission Champsaur, qui a pour tâche de remettre à plat les tarifs de l'électricité en France. Quelles sont vos préconisations??CB?: Pour introduire une meilleure concurrence sur le marché des particuliers, nous envisageons deux options. Soit la suppression des tarifs régulés, qui s'accompagnerait d'une redistribution vers les consommateurs par l'État des dividendes générés par EDF grâce au parc nucléaire français. Avec la création d'un vrai marché de gros, les opérateurs alternatifs pourraient être plus compétitifs. Une deuxième option consisterait à pérenniser et élargir l'accès actuel des opérateurs indépendants aux capacités de production. Aujourd'hui, 1.500 MW, assurant la couverture de 2 % de la consommation française d'électricité, sont mis à disposition par EDF. Il faudrait ouvrir 20 % du marché, soit 10.000 MW d'ici trois ans. En outre, nous demandons au gouvernement un nouveau cadre réglementaire afin d'ouvrir réellement à la concurrence les marchés des industriels et du tertiaire (tarifs vert et jaune). Poweo vise à terme 5 % de ce marché d'environ 7 milliards d'euros.La crise économique obère-t-elle vos capacités de développement??Le ralentissement économique nous amène à revoir le rythme de notre de croissance, mais nous n'avons aucun problème pour financer nos nouvelles capacités de production. Nous venons de boucler deux projets.n ++BSD ++PasSupprimerBalise NePas supprimer ++BSF ++© AFP/eric piermont
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