Le sud-coréen Hyundai surfe sur le succès de ses navires haut de gamme

« C'est quand même plus intéressant que des subprimes?! », s'exclame Frédéric Vincent devant les gigantesques chantiers navals de Hyundai à Ulsan (Corée du Sud). De la colline qui surplombe le dock, le directeur général délégué de Nexans, leader mondial du câble électrique, profite d'une visite pour admirer à perte de vue des bateaux en construction, entre lesquels se faufile un essaim d'ouvriers et de camionnettes. La crise n'a pas encore rattrapé ces chantiers, les plus grands du monde. L'industrie du fret est pourtant déjà fortement affectée par le ralentissement mondial.« Nous avons assemblé 95 bateaux en 2008, nous en construirons plus de 100 en 2009 », assure une porte-parole du groupe. Hyundai Shipping n'a à ce jour enregistré aucune annulation. Son carnet de commandes est plein jusqu'en 2012. Le secret?? Hyundai, c'est la haute couture du naval. En montant en gamme, le « chaebol » (conglomérat) est devenu l'un des meilleurs spécialistes de la construction navale pour les bateaux les plus sophistiqués. Et donc les plus rentables?: gaziers, pétroliers type VLCC (very large crude carriers) et ULCC (ultra large crude carriers). La demande pour ces bateaux n'a pas faibli.Risque de SurproductionEn revanche, les constructeurs chinois, concentrés sur le bas de gamme, les vraquiers, font face à des annulations en masse, provenant directement du ralentissement des échanges. Mais le ralentissement pour le secteur commencera vraiment en 2011. L'activité est assurée pour les deux prochaines années, car les bateaux sont déjà financés à plus de 50 %, explique Jérémie Capron, analyste de la banque CLSA?; mais l'effondrement du commerce change la donne. « En 2009 et 2010, l'équivalent d'un tiers de la flotte déjà existante sortira des chantiers navals. Il y a un risque énorme de surplus », indique-t-il.Outre les Chinois, les Japonais sont également à la peine, mais pour des raisons différentes. Dépassés par la concurrence sud-coréenne, leur part du marché mondial a diminué ces dernières années, pour ne représenter plus que 11 % (contre 38 % pour la Chine et 36 % pour la Corée du Sud). Les Japonais bénéficiaient il y a encore quelques mois d'un yen faible pour doper leur offre, ainsi que d'un cours de l'acier anormalement faible au Japon. Mais ces avantages comparatifs sont en train de se résorber. Signe des temps qui changent?: en novembre les commandes passées à l'industrie nippone ont baissé de 85 %. Régis Arnaud, à Tokyo
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