Cuba espère la levée de l'embargo

La Revolucion ? No importa ! » Pour les centaines de Cubains massés devant l'ambassade d'Espagne depuis lundi, les célébrations du cinquantième anniversaire de la révolution, qui se sont tenues hier à La Havane, n'ont pas grande importance. Ce qui leur tient à c?ur, c'est d'obtenir un précieux viatique offert par l'Espagne aux termes de « la loi sur la mémoire », entrée en vigueur au début de la semaine, qui permettra aux petits enfants des républicains ayant fui l'Espagne franquiste de sortir du pays. L'ailleurs, toujours. Pourtant, pour cette année 2009, les Cubains peuvent espérer pour la première fois un changement, symbolisé par la levée de l'embargo ? ultime relique de la guerre froide que Washington impose depuis quarante-six ans. Jamais le contexte n'a été aussi porteur. Barack Obama, qui prendra ses fonctions le 20 janvier, s'y est engagé. Ou tout au moins, a promis de dialoguer avec La Havane ? sans condition préalable. Raul Castro, qui a hérité l'an dernier du pouvoir de son frère Fidel, malade depuis 2006, s'est dit lui aussi prêt à discuter avec la Maison-Blanche. 5e partenaire commercialL'opinion internationale plai-de de plus en plus pour une normalisation des relations cubano-américaines. À la mi-décembre, les responsables latino-américains ont officiellement demandé la levée du « bloqueo » ? pour la première fois. L'ONU a condamné les sanctions américaines contre Cuba, à la fin octobre ? comme chaque année depuis dix-sept ans. Et, le 19 juin, l'Union européenne a levé ses sanctions, symboliques, imposées en 2003 pour cause de répression contre les dissidents. Quant aux parlementaires américains, ils ont commencé à détricoter le dispositif, en exemptant les exportations de nourriture et de médicaments du blocus en 2000. Résultat : les États-Unis sont devenus le 5e partenaire commercial de l'île avec 700 millions de dollars d'exportations annuelles. Iront-ils plus loin maintenant que les démocrates sont majoritaires ? « Cela prendra du temps, tant il y a de couches au dispositif », répond Silvia Wilhelm, la directrice de la commission cubaine-américaine pour les droits des familles. Mais certaines restrictions sur les voyages des Cubains-Américains, qui n'ont le droit d'aller rendre visite à leurs proches que tous les trois ans, devraient être assouplies, après avoir été renforcées sous l'administration Bush. De même, le plafond pour les remises de fonds, limité pour l'instant à 300 dollars par trimestre et pour la famille proche uniquement, pourrait être relevé. « Les gens le contournent, en envoyant de l'argent par d'autres biais », déclare Silvia Wilhelm. Les montants envoyés totaliseraient 1 milliard de dollars par an. « Si certains assouplissements ne requièrent qu'un décret présidentiel, d'autres, tels que la liberté d'aller à Cuba pour n'importe quel citoyen américain, exigent une législation spécifique », conclut Silvia Wilhelm.Besoin d'argent fraisL'embargo, censé ?uvrer à la chute du régime castriste, n'est pas parvenu à ses fins? Ce qui n'empêche pas l'économie cubaine d'avoir un besoin urgent d'argent frais. Si le tourisme rapporte 2 milliards de dollars par an, les exportations de nickel, qui en rapportent autant, pâtissent aujourd'hui de la chute des cours. Touchée en outre par une terrible saison cyclonique cette année, l'île connaît actuellement une situation critique. D'ailleurs, Raul Castro ne le cache pas. « Il faudra se serrer la ceinture », a-t-il récemment déclaré, même s'il a également juré d'augmenter le salaire moyen, qui n'excède pas 20 dollars par mois? Promises en 2007, les réformes structurelles sont aujourd'hui reportées en raison de la crise. Reste à savoir si le prochain congrès du Parti, prévu pour octobre 2009, ira dans le sens d'une plus grande ouverture ? et si « la libertad o la muerte » (« la liberté ou la mort ») du régime sera le nouveau slogan révolutionnaire?Lysiane J. BauduL'opinion internationale plaide de plus en plus pour une normalisation des relations cubano-américaines.
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