Regarder l'Amérique, par Philippe Besson

Je vais tourner mon regard vers l'Amérique, ce pays de démesure dont j'aime les villes furieuses et les plaines interminables, les océans et les rivières « qui coulent au milieu », dont je déplore le conservatisme et la folie de Dieu mais dont je salue la capacité à toujours se renouveler, toujours nous surprendre.Je vais tourner mon regard vers Washington, le matin du 20 janvier, il fera sans doute un froid sec, et j'observerai longtemps l'homme noir et longiligne, à la démarche féline, dont le calme accentue encore l'élégance tandis qu'il prêtera serment sur la Bible.Et je penserai à tout ce que j'attends de lui, tout ce que le monde attend de lui : la paix, là-bas, si loin, si près, dans des territoires suppliciés, rongés par le mal, par la bêtise ; le dialogue entre les continents, sans arrogance, sans idéologie ; la prospérité qui ne viendra que de la confiance retrouvée ; la concorde entre des communautés trop souvent hérissées les unes contre les autres.Un seul homme peut-il accomplir autant de miracles ? Je l'ignore. Ce que je sais, c'est que, probablement, seul cet homme peut les accomplir.Nous remettons une part de notre destin entre ses mains. Je les ai vues, ces mains, fines et souples, fendre l'air : qu'elles nous hissent.Oui, en ces premiers jours de 2009, je regarde l'Amérique en finir avec les errements tragiques des huit dernières années et dessiner le futur de la planète. Je regarde Barack Obama réinventer le rêve américain et devenir le digne successeur de l'homme le plus moderne qui soit : Abraham Lincoln. n
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