Moody's doute à son tour de l'Irlande

L'Irlande pourrait bientôt être exclue du club de plus en plus fermé des « triple A ». Après Standard & Poor's début janvier, c'est Moody's qui a assorti la note de crédit du pays d'une perspective négative vendredi. En cause?: le ralentissement économique et l'ampleur des plans de sauvetage du système bancaire déployés par le gouvernement. « Moody's juge considérables les engagements de l'État susceptibles de découler des problèmes du système bancaire », explique l'agence dans un communiqué. Selon elle, le déficit budgétaire risque d'atteindre 9,5 % du produit intérieur brut cette année.Après S&P, Moody's vient à son tour alimenter les craintes des investisseurs. Depuis plusieurs mois, ces derniers anticipent une dégradation des finances publiques irlandaises et la prime exigée pour détenir un emprunt d'État irlandais plutôt qu'un bund allemand ne cesse d'augmenter. Elle est désormais supérieure à 2 points pour la dette à 10 ans. Cette méfiance se traduit également par une envolée du coût de la protection contre un éventuel défaut. Vendredi, après l'annonce de Moody's, le CDS (« credit default swap ») de l'Irlande a même dépassé celui de la Grèce, pourtant notée quatre crans en dessous par Moody's (A1), cinq par Fitch (A) et six par S&P (A?). Le CDS à 5 ans de l'Irlande cote à 263 points de base, contre 255 points de base pour celui de la Grèce. Autrement dit, assurer 10 millions d'euros de dette irlandaise contre un « événement de crédit » coûte 263.000 euros.À en croire le marché des dérivés de crédit, le risque de défaut de l'Irlande, pourtant toujours notée triple A, est donc supérieur à celui du Chili, de la République tchèque, d'Israël, de la Malaisie, de la Thaïlande ou de la Chine. « Il y a peut-être un peu d'exagération sur le CDS de l'Irlande, mais il est encore trop tôt pour le dire. Tout dépendra de l'ampleur de l'activation du plan de sauvetage bancaire », explique René Defossez, stratège chez Natixis.nouvel avertissement En outre, le facteur « liquidit頻 n'avantage pas la dette irlandaise. Dans un contexte d'aversion pour le risque extrême, les opérateurs de marché privilégient les emprunts d'État les plus liquides. Or, l'Irlande, qui était en situation excédentaire ces dernières années, a très peu alimenté le marché obligataire.Une chose est sûre. Ce nouvel avertissement ne manquera d'alerter tous ceux qui craignent un éclatement de la zone euro. Pour le milliardaire George Soros, le risque est réel?: « l'euro pourrait ne pas survivre si l'Union européenne ne prend pas des mesures adaptées », à savoir la mise en place d'une structure de défaisance pour les actifs toxiques qui serait commune à tous les pays de l'UEM.Sophie Rolland
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